Au moment même où les conclusions du Livre blanc bousculent notre approche stratégique, voilà que la Rand Corporation découvre que le concept de guerre contre le terrorisme n’est qu’une chimère, qu’Al-Qaïda représente un risque proche de zéro, et que l’Amérique fait erreur depuis 2001 en s’engageant militairement en Afghanistan.
Guerre d'Afghanistan et terrorisme : le Livre noir de la RAND
The Afghan war and terrorism: the RAND ‘Balck Paper’
At the very moment when the White Paper conclusions are upsetting our strategic approach, the RAND Corporation has discovered that the concept of a war against terrorism is just an illusion, that al-Qaeda presents a risk that is close to zero, and that America has been mistaken since 2001 in committing itself militarily in Afghanistan.
Mon Dieu, protégez-moi de mes amis… ! Le président de la République avait commandé à la Commission Mallet de quoi justifier son alignement sur la « War on Terror » menée par les États-Unis. Le Livre blanc lui a donné satisfaction, au prix des contorsions et des raccourcis que l’on sait. Mais voilà qu’au même moment la Rand Corporation, dont on ne peut pas dire qu’elle constitue un repaire de Munichois bêlants, opère un virage dans l’autre sens.
Beaucoup de bruit pour rien
The French were right ! Bien entendu, il n’y aucune chance qu’une plume américaine écrive jamais cette phrase. C’est pourtant un peu ce que la Rand fait dans une monographie mise en ligne le 29 juillet 2008, How Terrorist Groups End : Lessons for Countering al Qa’ida (1), texte qui vient après une série, en cinq parties et une synthèse, d’études qui se veulent exhaustives sur la guerre en Orient (2).
On sait les liens étroits que la Rand entretient avec le Pentagone, et son goût typiquement américain pour la modélisation réductrice ; pour une fois son nouvel opus délaisse le catéchisme habituel. Comment meurent, s’interroge-t-elle, les groupes terroristes ? De mort naturelle ou provoquée, mais ils finissent toujours par mourir avec la disparition, totale ou partielle et à plus ou moins long terme, des crises qui en sont à l’origine. C’est pourquoi ils ont une cause explicative à défaut de justificative. Surtout le terrorisme n’existe pas. Il constitue un phénomène historique récurrent, puisqu’il ressurgit régulièrement comme mode de combat — moralement inacceptable, là n’est pas la question — mais il n’est pas l’Histoire.
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