Face à l’incertitude née de l’intensification des flux stratégiques dans le monde, le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale exige initiative et réactivité. « L’ambition française est de ne pas subir les effets de l’incertitude, mais d’être capable de réagir, d’anticiper ». Cela se traduit notamment par un besoin de modernisation des capacités navales tout en continuant de s’appuyer sur leur polyvalence afin de répondre aux nouveaux défis issus de la mondialisation. Recentrant la Marine sur ses missions de combat, le Livre blanc réaffirme l’importance de ses missions liées à la sécurité.
Le Livre blanc prend le large
The White Paper takes to the water
Facing the uncertainties resulting from global strategic changes, the White Paper on defence and national security demands a proactive and responsive approach. ‘France’s ambition is not to suffer the effects of uncertainty but to react, to think ahead.’ It is driven by a need to modernise maritime assets, at the same time continuing to undertake multiple roles in response to the new challenges presented by globalisation. Refocusing the Navy on its combat missions, the White Paper reasserts the importance given to its maritime security operations.
Lors de la présentation du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, le président de la République a mis en exergue l’incertitude, marque du monde actuel et fille de la mondialisation, comme le fondement d’une nouvelle stratégie pour la France. L’incertitude stratégique a pris le pas sur le relatif déterminisme du bipolarisme qui prévalait au siècle dernier. En fait, depuis la fin de la guerre froide, on ne peut que constater une tendance à la « liquéfaction » du monde, y compris au sens propre avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces. Par analogie avec la mécanique des fluides, toute action en un lieu génère dorénavant des réactions à l’autre bout de la planète, même si leur intensité reste difficilement prédictible. Face à cette évolution, la sécurité et la défense des intérêts des nations demeurent une préoccupation majeure. Celles-ci ne peuvent évidemment plus se concevoir comme une ligne Maginot ni se référer à l’opération Overlord.
« Les stratégies de défense et de sécurité doivent, dès lors, répondre à des problèmes nouveaux : non plus seulement la défense ou le contrôle d’espaces délimités, mais la prise en compte de l’explosion de flux non maîtrisés de personnes, de biens ou d’idées » (1). Les menaces de nature très diverse auxquelles nous sommes confrontés : terrorisme, prolifération, rupture de nos approvisionnements, agressions environnementales ou informatiques… sont de plus en plus diffuses et de moins en moins étatiques. Elles nécessitent aussi d’aller assurer notre sécurité au loin dans les espaces internationaux à proximité des sources de ces tumeurs en agissant, le plus souvent, dans un cadre multilatéral. Pour cela, les espaces maritimes représentent un enjeu stratégique privilégié.
L’intérêt pour les espaces maritimes est une conséquence logique de la mondialisation qui entraîne un vaste mouvement d’échanges entre les pays et les continents. Les voies maritimes en sont le support principal grâce à leurs qualités historiques : liberté de circulation, simplicité pour le transit des volumes et faibles coûts d’exploitation. Ainsi, 90 % du commerce mondial est réalisé par la mer, les échanges y ont été multipliés par cinq en quarante ans et, aujourd’hui encore, le trafic maritime augmente à un rythme double de celui de la croissance mondiale. En 2008, 99 % des approvisionnements pétroliers de la France sont assurés par voie maritime.
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