Le Rapport d’Europol sur la situation du terrorisme en Europe ⁽¹⁾ a été commencé après les attentats du 11 septembre 2001. Il relève non seulement les faits, mais aussi les tendances des activités terroristes sur le territoire de l’UE. Malgré des flux d’information réduits en provenance de certains États membres de l’UE, l’organisation a pu relever les données des pays, dont certaines fournies par Eurojust.

Les États membres ont enregistré 583 attaques terroristes et arrêté 1 044 suspects sur le territoire de l’Union européenne en 2007. 88 % des attaques terroristes provenaient des mouvements séparatistes basques et corses. La plupart du temps il s’agissait d’incendies volontaires. La majorité des suspects ont été arrêtés pour affiliation dans une organisation terroriste. 22 % ont été arrêtés pour des délits reliés avec des attentats terroristes. L’âge moyen des suspects est de 35 ans, deux tiers ont entre 23 et 43 ans. Parmi eux, la majorité possède la citoyenneté européenne. Le nombre de femmes arrêtées reste négligeable. La plupart des délits et crimes sont liés aux catégories d’extrême-droite ou d’extrême-gauche, certains pays les traitant sous la rubrique d’extrémisme et non de terrorisme.

54 % des procès sont liés au séparatisme, 38 % le sont au terrorisme islamique. En 2007 l’UE a subi deux tentatives d’attaques et deux attaques réussies raccordées au terrorisme islamique ; 201 personnes ont été mises en garde à vue. Leur but était de causer un maximum de dommages et de victimes indiscriminées en utilisant des explosifs fabriqués avec de la peroxyde d’acétone. Cependant, Al-Qaïda a lancé récemment des campagnes de propagandes dans la langue de certains pays européens. De cette façon, les groupes terroristes cherchent notamment à influencer la politique nationale des États membres. Les dirigeants dans les régions tribales du Pakistan coopérant avec Al-Qaïda exercent le contrôle de ces groupes en question et deviennent leur source d’inspiration pour des attaques terroristes sur le territoire européen. Même si la majorité des personnes placées en garde à vue sont d’origine maghrébine, un nombre considérable de suspects sont des nationaux. Retenons que le nombre d’arrestations de recrues d’une organisation terroriste a sévèrement augmenté. La plupart d’entre eux ont été recrutés pour le jihad en Irak, mais aussi, récemment, pour le jihadisme en Somalie.

Les pays d’Europe de l’Est semblent être pays de transit pour les terroristes qui peuvent ainsi accéder plus facilement au reste de l’Europe, en général pour en faire leur base logistique afin d’initialiser des actions en dehors de l’UE.

Concernant le terrorisme d’extrême-gauche et le terrorisme anarchique, les pays membres constatent 21 attaques et 48 suspects arrêtés en 2007. Aucune victime n’est à déplorer. En Italie et Allemagne, les attaques ont fortement diminué, de plus de 50 %. Par contre l’Italie remarque une hausse du terrorisme de gauche qui semble être inspiré par l’idéologie des brigades rouges.

En 2007, les États membres identifiaient une seule attaque terroriste du camp de l’extrême-droite et un nombre total de 48 arrestations. L’activité de ces groupes est en augmentation, probablement du fait de la grande hostilité de l’extrême-droite envers les musulmans. Comme déjà évoqué, la plupart des États classent les activités d’extrême-droite dans la catégorie d’extrémisme et non terrorisme, ce qui provoque une certaine inexactitude statistique.

Le Portugal est le seul pays qui rapporte une activité isolée de terrorisme environnemental. Les extrémistes britanniques de la protection des droits des animaux s’attaquent régulièrement aux propriétés privées et aux dirigeants des entreprises visées, partout en Europe. En Italie, les extrémistes environnementaux visent plutôt les infrastructures gouvernementales. Là aussi, certains pays définissent ces activités comme étant de caractère extrémiste.

En résumé, le rapport constate une hausse des attaques terroristes, ainsi que des arrestations liées au terrorisme dans l’UE. La plupart des attaques sont effectuées avec des explosifs artisanaux. Plus que jamais la propagande terroriste est diffusée par l’Internet. Le but du terrorisme islamique, soutenu par les groupes affiliés à Al-Qaïda, est de créer un maximum de dégâts en Europe. Cela veut dire, que les conflits en Afghanistan et en Irak affectent la sécurité intérieure de l’UE. Concernant le terrorisme séparatiste basque, les jeunes très influençables et favorables aux actions terroristes, sont les plus dangereux. La France restera le centre logistique de l’ETA. Le conflit entre Kurdes et Turcs reste également un problème important pour la sécurité en UE. ♦

(1) Europol European Terrorism Situation and Trend Report (TE-SAT) 2008 (www. europol. europa.eu/).