Cybercriminalité, défi mondial
La sortie en librairie de la deuxième édition de l’ouvrage de Myriam Quéméner et de Joël Ferry vient à propos, compte tenu de l’intensité de l’actualité de la cybercriminalité, depuis la parution de la première édition, à la fin de l’année 2007. Comme le suggèrent les auteurs, les défis que les progrès du « cybercrime » font peser sur nos sociétés, répondent au développement permanent des technologies de l’information de la communication.
Si les innovations technologiques ont connu une diffusion accrue dans le grand public, leur appropriation par un crime, lui aussi de plus en plus organisé et de plus en plus mondial, a été particulièrement perceptible en 2008.
Pour s’en tenir seulement à deux domaines, actualisés dans cette deuxième édition, la contrefaçon et l’exploitation sexuelle, nous avons pu observer l’extraordinaire facilité offerte aux contrefacteurs par le recours aux ventes en ligne, et la multiplication des faits divers montrant la réalité, et l’ampleur de la prostitution et de la pédopornographie accessible sur Internet.
Dans tous ces domaines qui touchent au respect de la personne humaine et à la sécurité économiques le risque de désarroi est grand : ainsi des jurisprudences très récentes de la chambre criminelle de la cour de cassation ont montré l’extrême difficulté à marquer les limites, à concilier le respect de la loi et l’irréductible liberté du « cyberespace ».
Que ce soit dans la définition des limites de l’usage de moyens numériques pour combattre le cybercrime, ou dans les débats sur la possibilité offerte ou non aux sociétés de vente de se constituer partie civile dans les procès de vente de produits contrefaits, la nécessité de sécuriser davantage toutes les utilisations de l’Internet, est devenue une exigence prioritaire, dont l’ouvrage de Myriam Quéméner et de Joël Ferry reprécise les clés et les enjeux.
L’analyse qu’ils font notamment du récent plan numérique gouvernemental montre l’acuité des mesures préconisées et la difficulté à suivre l’étourdissant train d’innovations techniques et de leurs applications pratiques.
Tous ceux qui ne peuvent se résigner à ne plus comprendre le cyberespace ou qui souhaitent anticiper les évolutions de la cybercriminalité trouveront à cette deuxième édition entièrement remaniée et actualisée un intérêt évident, qu’ils soient acteurs du monde juridique, de l’univers numérique ou simplement utilisateurs quotidien de l’Internet : l’évolution de la Toile et des réseaux numériques avec en particulier les régimes juridiques applicables au Web 2.0, l’usurpation d’identité numérique et la contrefaçon.
Rarement développement technique a eu autant d’impact sur les relations sociales, économiques et juridiques. Ce constat est particulièrement mis en valeur par l’ampleur des mises à jour tant techniques que juridiques, qui séparent la première de la seconde édition de cet ouvrage. Enfin les auteurs proposent une analyse pertinente des dispositifs de lutte contre le cybercrime, et formulent des préconisations permettant de renforcer leur efficacité à l’heure de la mondialisation. ♦