Chiisme et politique au Moyen-Orient (Iran, Irak, Liban, monarchies du Golfe)
Chiisme et politique au Moyen-Orient (Iran, Irak, Liban, monarchies du Golfe)
Les Chiites, qui constituent une des trois branches de l’islam, représentent 15 % des musulmans dans le monde (90 % de la population de l’Iran, 64 % des Irakiens). Ils constituent, avec leur clergé conservateur, appui traditionnel de réseaux transnationaux islamistes, un puissant levier politique qui pèse de tout son poids à Bagdad, où ils sont au pouvoir, à Beyrouth et au Sud-Liban, où ils narguent ouvertement Israël, à Gaza, dans les monarchies du Golfe, où ils ont fait un retour remarqué sur la scène électorale, comme par exemple à Bahreïn récemment et en Azerbaïdjan, où le pétrole leur assure une position stratégique.
Mais qu’en est-il réellement de ce renouveau politico-religieux sur la scène arabe, qui semble relancer une certaine concurrence entre sunnites et chiites et accompagner l’expansionnisme révolutionnaire de Téhéran qui met parfois en péril la stabilité de ses voisins ? La chercheuse du CERI décortique ainsi avec minutie, dans la collection « Mondes et Nations », les rouages complexes qui, de Najaf et de Qom, centres cléricaux du Chiisme, révèlent un Moyen-Orient nettement plus clivant, vis-àvis de partenaires occidentaux assis depuis près d’un siècle sur des réserves pétrolières que les chiites leur contestent de plus en plus violemment.
Le sécularisme, voire des expressions de plus en plus marquées d’autonomisations locales, à l’instar du Liban, et encore perceptibles dans les récentes évolutions institutionnelles à Bagdad, semble offrir paradoxalement une nouvelle assise à cette recherche de légitimité politico-religieuse.
Est-ce à dire que le millénarisme périlleux d’Ahmadinejad n’est qu’une parmi de nombreuses expressions de cette réalité ? Voire une parenthèse qui verrait, in fine, l’Iran, puissance nucléaire plus avisée qu’il n’y paraît, jouer de tous ses atouts pour peser ? ♦