L'offensive chinoise en Afrique
L'offensive chinoise en Afrique
Bien des ouvrages ont été consacrés à cette « OPA » chinoise sur le continent africain. Peu décrivent néanmoins avec précision les rouages, les méthodes employées et les ambitions cachées de Pékin. La Chine ne semble pas être ce grand frère « désintéressé » solidement ancré depuis une trentaine d’années sur le continent noir.
Tout se passe, en effet, comme si le mythe de la conquête du pouvoir au soir des indépendances, de l’émergence du panafricanisme et de la mode tiers-mondiste était un legs de la « Doxa » maoïste. Rien n’est moins vrai, car hormis quelques solidarités forgées sur les bancs des universités de Beijing auprès de ceux qui incarnent le pouvoir, la « Chine-Afrique » se caractérise avant tout par une économie en pleine croissance, en quête de nouveaux débouchés, assoiffée de pétrole et affamée de matières premières.
Philippe Richer, fin connaisseur de la politique étrangère chinoise, se livre à une étude sérieuse de cet ancrage qui inquiète autant qu’il fascine, vu de Paris, Londres, Rome ou Lisbonne. C’est aussi cet étonnant paradoxe qui veut que ceux qui encensent l’omniprésence chinoise d’aujourd’hui n’en ont pas moins dénoncé avec la plus grande virulence celle des anciennes puissances coloniales…
La lecture de cet ouvrage a aussi l’insigne mérite de faire tomber une partie du masque. Car comme l’auteur le rappelle lui-même, une offensive n’est jamais amicale, encore moins désintéressée : puissance désormais africaine autant que globale, sûre de ses atouts, la Chine poursuit placidement ses ambitions. Faut-il s’en plaindre en gémissant sans fin sur la place perdue qu’elle semble avoir ravie à nombre d’ex-puissances tutélaires ? Ou convient-il de lancer la contre-offensive, en mettant enfin en avant l’autre paradoxe que cet ouvrage soulève, à savoir qu’au XXIe siècle, l’on ne sait toujours pas, en Afrique, à quel Saint se vouer ? ♦