Un groupe de travail du Comité d’analyse et de réflexion sur l’actualité (CARA) a cherché, dans la perspective du prochain Sommet de Strasbourg-Kehl, à dégager des voies et moyens pour rénover l’Alliance et adapter l’Otan aux temps stratégiques nouveaux. À partir de l’analyse des intérêts des pays alliés, il trace l’esquisse d’une Alliance plus cohérente entre ses partenaires européen et américain, et qui ne serait plus vue comme « le bras armé de l’Occident dans le monde », avec une Otan plus efficace et complémentaire de la PESD.
Vers une refondation de l'Alliance atlantique
Towards a radical reform of the Atlantic Alliance
With NATO’s Strasbourg-Kehl summit in view, the study group on current affairs CARA has attempted to clear the way ahead and identify the resources needed for a renewal of the Alliance and to adapt it to the new strategic circumstances. From an analysis of the allied countries’ interests, it sketches the outline of a more coherent partnership between Europeans and Americans that would no longer be seen as ‘the strong arm of the West throughout the world’ but a more effective NATO complementary to European Security and Defence Policy.
L’Alliance atlantique se cherche une raison d’être depuis la chute de l’URSS qui l’a privée d’ennemi. Avec l’arrivée de l’Administration Bush, s’est développé le sentiment, déjà perceptible sous Clinton, que les États-Unis n’hésiteraient pas à conduire les affaires du monde sans leurs alliés, voire contre leur avis. Plusieurs dossiers politiques cruciaux ont été ainsi traités dans le cadre atlantique sans réel souci de leurs interactions (Afghanistan, Irak, Iran, Ukraine, Géorgie, bouclier antimissiles, etc.). Les incohérences de cette posture et les risques qu’elle présentait pour l’Europe ont créé une certaine circonspection dans des pays européens jusque-là naturellement en phase avec Washington.
Quant à son organisation exécutive, l’Otan, elle est entrée dans une phase de transformation permanente pour s’adapter à une donne évolutive. Dans le même temps, ses difficultés techniques n’ont fait que croître, notamment pour obtenir des alliés européens des moyens opérationnels suffisants.
L’Union européenne, de son côté, fait lentement progresser une Politique de sécurité et de défense (PESD) ambitieuse (1). Elle a déjà acquis dans le domaine de l’action civile (soft power) un savoir-faire souvent plus décisif que l’emploi exclusif de moyens militaires, et l’Otan vise des capacités similaires. Enfin, cette situation est « agrémentée » par un début de débâcle économique, qui peut conduire aux pires menaces contre la sécurité des États s’ils ne trouvent pas les outils aptes à maîtriser cette crise.
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