« Les conséquences géostratégiques du réchauffement climatique », ont été explorées lors d’un colloque organisé le 9 avril 2009 par le Collège interarmées de défense, en partenariat avec le Forum du futur, à l’École militaire. Plusieurs experts ont présenté leurs points de vue sur la question même du réchauffement climatique, sur les enjeux régionaux et internationaux tant au niveau géographique et humain, que géostratégique.
Défense et environnement - L'impact stratégique de la question climatique
L’importance croissante de la question climatique dans la préoccupation collective devient un phénomène majeur qui atteint la sphère stratégique. On a l’impression d’une prise de conscience tardive qui amplifie les conséquences que peut avoir celui-ci, tant sur le plan humain que géostratégique. Et celles-ci se déroulent sous nos yeux : fonte des glaces, fréquence accrue des phénomènes cycloniques, disparition de territoires et donc développement du concept de « réfugié climatique », modification de la répartition aquifère… Il est donc indéniable que le réchauffement a des conséquences graves. Mais cette question est affaiblie par le débat et les polémiques qu’elle suscite, notamment au sein de la communauté scientifique. Néanmoins, il est urgent et vital de commencer à prendre en compte cette donnée pour appréhender sereinement les contraintes nouvelles qui pèsent sur le monde futur.
Changements climatiques : approches scientifiques
La communauté scientifique en général, est en accord pour affirmer que le réchauffement climatique auquel nous assistons est indiscutable. Ainsi, la période de réchauffement actuelle est inhabituelle en comparaison aux températures de 1 000 à 1 900. Mais une polémique perdure quant aux véritables causes, anthropiques ou naturelles, de ce phénomène. Ainsi, selon Pascale Delecluse, directeur adjoint de la recherche au Centre national de recherches météorologiques (CNRM), la climatologie, parce qu’elle est une science relativement récente, et du fait de la diversité de ses modèles de calcul qu’elle utilise, a du mal à émettre de véritables certitudes. Ce débat était illustré dans la première table ronde par la présentation du modèle de Henrik Svensmark sur l’influence du soleil et des rayons cosmiques dans le réchauffement, et par l’intervention, durant la séance de questions, de divers intervenants critiquant les résultats du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Les conséquences du réchauffement climatique en termes géographiques et humains
Celles-ci sont à la fois régionales et internationales et nécessitent une intervention rapide des pouvoirs publics pour remédier aux problèmes qu’elles engendrent. Les témoignages des intervenants l’ont illustré. Ainsi, concernant la Corne d’Afrique, M. Alain Gascon, professeur à l’Institut français de géopolitique de Paris VIII, a exposé le problème suivant. Cette région, deuxième pôle démographique de l’Afrique subsaharienne, a pour caractéristique une concentration de la population entre 2 000 et 2 600 mètres : à ces altitudes, la pluie est assez abondante pour encourager une agriculture et une culture, notamment grâce à l’absence de mouches tsé-tsé. Le réchauffement climatique pourrait augmenter la pression foncière, provoquée par l’émigration d’habitants des basses terres recherchant de meilleures conditions de vie. À cela s’ajouterait la précarisation des conditions paysannes due à la progression de l’érosion qui fragilise les cultures.
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