La situation politique en Afghanistan s’est fortement détériorée ces trois dernières années. Les armées occidentales présentes dans le pays sont confrontées à des attaques de plus en plus meurtrières, menées par les mouvements islamistes. Des forces américaines supplémentaires ont été déployées au début de cette année. Jusqu’à présent la Chine, pourtant préoccupée par l’instabilité de l’Afghanistan, a refusé de participer à cet effort de stabilisation.
Pourquoi la Chine n'intervient-elle pas en Afghanistan ?
Depuis l’intervention des États-Unis en Afghanistan en octobre 2001, la situation politique du pays ne s’est guère stabilisée. L’embuscade qui a coûté la vie à dix soldats français en août 2008 témoigne de la violence des combats. Les pertes américaines sont de plus en plus nombreuses, puisqu’en 2008 les États-Unis ont déploré 155 morts au combat en Afghanistan contre 314 en Irak. Au cours du premier semestre 2009, l’armée américaine a perdu davantage d’hommes en Afghanistan (112) qu’en Irak (101). Dans ce contexte, en mars 2009, le président Barack Obama a décidé d’envoyer avant la fin de l’année, plusieurs milliers d’hommes supplémentaires dans ce pays qui participeront à l’opération Liberté immuable (mission principale de combat contre les groupes terroristes) (1) et à celle de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Fias). En juillet 2009, 90 000 soldats étrangers servent en Afghanistan dont 61 100 dans le cadre de la Fias. L’attitude de la République populaire de Chine (RPC) devant l’évolution de la situation de l’Afghanistan suscite de nombreuses interrogations. La RPC refuse pour le moment d’envoyer des soldats en Afghanistan, alors que son intérêt est pourtant de voir la situation politique s’apaiser.
Réalités stratégiques asiatiques
Avec la plupart de ses voisins, l’Union soviétique, puis la Russie, l’Inde ou encore le Vietnam, la Chine a longtemps entretenu des relations conflictuelles, dues notamment à des délimitations frontalières litigieuses.
L’Afghanistan et la Chine populaire, qui partagent une courte frontière de 76 kilomètres à l’est du corridor de Wakhan, n’ont jamais eu de contentieux territoriaux (2). La Chine populaire, depuis 1949, n’a pas manifesté d’intérêt particulier pour l’Afghanistan, un pays enclavé, dépourvu de matières premières et situé en dehors du monde culturel chinois à la différence du Tibet et du Vietnam. Lors de la guerre menée par l’Union soviétique (1979-1989), la Chine aux côtés des États-Unis apporta son soutien à la résistance afghane. Pékin se méfiait du nouveau gouvernement de Babrak Karmal, installé par les Russes, car son prédécesseur, Nur Mohammad Taraki, président de l’Afghanistan (avril 1978 - septembre 1979) et également allié de Moscou, avait régulièrement condamné la politique chinoise, notamment la guerre contre le Vietnam (février-mars 1979). Pékin avait même autorisé l’ouverture au Xinjiang de stations d’écoute de la National security agency afin d’observer les opérations menées par l’URSS (3). Mais l’aide de Pékin en faveur des Afghans demeura limitée. La Chine qui commençait sa profonde transformation économique sous l’autorité de Deng Xiaoping ne voulait pas entrer dans une confrontation directe avec Moscou.
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