De septembre 2006 à octobre 2007, la marine du Sri Lanka coule en haute mer les 8 navires-dépôts constituant la base arrière logistique du LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam). Cette destruction a marqué le véritable tournant d’une guerre qui déchirait le pays depuis plus de trente ans. C’est le processus de cette défaite qui est analysé ici. Dépendant de la mer en raison de l’insularité du pays, le mouvement terroriste perd ses capacités d’approvisionnement. Cela se traduit par l’affaiblissement rapide de sa flotte armée, privée de la logistique indispensable et incapable de poursuivre une course à la supériorité technologique ; puis la prise de contrôle progressive de la mer par la marine sri lankaise ; et enfin la défaite inéluctable des forces terrestres du LTTE en raison de la pénurie en vivres, armes et munitions.
Un mouvement terroriste vaincu par la mer : LTTE (1973-mai 2009)
Le terrorisme maritime est mal appréhendé en Europe. La population européenne se sent peu concernée par un type de violence qui, jusqu’à présent, a essentiellement frappé les mers d’Asie. C’est au Sri Lanka qu’il a atteint la pleine maturité opérationnelle. Le LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam) y a développé une panoplie de modes d’action et de matériels particulièrement innovants et efficaces. Ce mouvement séparatiste est le mieux organisé et le plus avancé au monde. Il est devenu la référence du terrorisme international, en particulier sur mer où il excelle. C’est lui qui a pratiqué la première attaque d’un bâtiment de guerre par embarcation-suicide, dix ans avant celle perpétrée sur l’USS Cole. Son exemple, parfois accompagné d’un soutien direct — entraînement, livraison d’armes — a largement inspiré les groupes islamistes d’Asie du Sud-Est et du golfe d’Aden.
Le conflit, qui oppose la minorité tamoule (15 % de la population) à la majorité cinghalaise, connaît quatre grandes phases stratégiques. La première correspond à la montée en puissance du mouvement, accompagnée d’une prise de conscience de l’importance primordiale de l’espace maritime. Pendant la seconde, à partir de 1991, le LTTE conquiert la suprématie sur mer. La troisième phase est marquée par le choix décisif du gouvernement du Sri Lanka, jusqu’alors incapable de reprendre l’initiative, de donner la priorité à la coupure des flux logistiques du mouvement terroriste. Cette stratégie, appliquée à partir du mois de février 2006, permet de retourner la situation militaire en dix-huit mois.
À partir de la fin de l’année 2007, le LTTE, privé d’approvisionnement, subit une attrition inexorable de ses forces maritimes, aériennes et terrestres jusqu’à sa défaite totale le 18 mai 2009.
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