Risques et menaces contre nos sociétés, hors temps de guerre, ne sont certes pas choses nouvelles. Une mutation de la sécurité, qui a commencé il y a quelques années, introduit progressivement une nouvelle donne résultant de plusieurs facteurs dont les effets se conjuguent. Un consensus semble désormais établi sur la manière dont nos sociétés doivent être protégées. Encore faut-il qu’il se traduise par des réalités institutionnelles et pratiques. La France, avec notamment la publication du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, a fait dans le domaine un grand pas en avant. Des efforts restent cependant à accomplir pour la prévention et la gestion des crises ainsi que pour la protection du citoyen.
La sécurité sociétale en question
Nos sociétés sont, en dehors des périls de la guerre, soumises à de nombreux risques et doivent même affronter des menaces de plus en plus variées. C’est chose banale de le reconnaître même si nous devons faire face à une situation nouvelle du fait de la conjugaison de trois facteurs déterminants qui conditionnent notre temps. L’entrée tout d’abord dans ce qu’on peut appeler une « nouvelle civilisation » d’une bonne partie de la planète à la suite de la révolution technologique, des processus de libéralisation économique, de régionalisation et de mondialisation. Puis, l’apparition de changements géopolitiques importants qui ont entraîné autant de vulnérabilités (montée des fanatismes, apparition d’« États faillis », nouveaux foyers de tension ou nouveaux espaces de conflits). Une montée réelle enfin des risques, qu’ils soient naturels, environnementaux, sanitaires ou technologiques pour toutes sortes de raisons identifiées (changement climatique, migrations, etc.) avec des incidences importantes sur la sécurité des populations. Une nouvelle donne sécuritaire résulte de cette situation paradoxale.
Que faut-il protéger aujourd’hui et comment le faire dans ce monde où risques et menaces se diversifient alors que nos sociétés ont désormais plus de mal à se mettre à l’abri car elles sont devenues plus complexes, et, en outre, de plus en plus interdépendantes ?
Pour traiter les tensions induites par cette nouvelle combinaison de risques et de menaces, un consensus se dégage désormais autour de quatre axes bien identifiés.
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