La notion de sécurité fournit l’objet d’un des concepts fondamentaux des relations internationales. D’origine relativement récente, le mot a progressivement supplanté, sans le remplacer, celui de sûreté, qui figurait dans la déclaration des droits de l’homme de 1789. On peut en contester la signification et la portée, mais la sécurité est devenue une préoccupation quotidienne de l’homme comme des sociétés humaines.
Sécurité : au-delà des mots, un état d'esprit
Au tournant du troisième millénaire, la mutation des risques et des menaces qui fragilisent la planète a contribué à accorder à la sécurité une place toujours plus grande dans le discours public. La multiplicité des sens développés dans le langage académique ou politique traduit son vaste champ d’application, les sens variant au gré des qualificatifs qui accompagnent le mot. Cette inflation n’est pas sans affecter la précision des définitions du terme et introduire de nombreuses confusions.
Chez les auteurs, les définitions de la sécurité sont diverses et éparses (1) : absence de guerre, poursuite des intérêts nationaux, protection de valeurs fondamentales, capacité de survie, résistance à l’agression, amélioration de la qualité de vie, renforcement ou affaiblissement des États, éloignement des menaces, expression d’un discours, émancipation de l’être humain… De façon simple, la sécurité peut s’exprimer comme « l’absence de menace ». De manière plus approfondie, on identifie un sens objectif « absence de menace sur des valeurs centrales » auquel répond un sens subjectif « absence de peur que les valeurs centrales ne fassent l’objet d’une attaque » (2). On glisse ainsi d’un état de fait (une situation), à un état d’esprit (une perception). Sur la base de composantes matérielles et physiques, la menace relève d’évaluations régulièrement remises en cause. Un certain degré de sécurité est atteint lorsque la peur disparaît. Cette grande part de subjectivité explique la diversité des opinions sur la notion de sécurité (3).
Pour les penseurs « sécuritaires classiques », l’État, qui possède largement le monopole de l’usage légitime de la force, demeure le sujet principal de la sécurité. La perspective développée par les « sécuritaires élargis » confère aux acteurs non étatiques (ONG, OIG…) une influence au moins aussi grande sur la gestion de la force et la prévention de son utilisation. Les « sécuritaires critiques », quant à eux, portent leur attention sur l’émancipation des individus et sur la sécurité sociétale, l’État pouvant alors constituer la source du problème de sécurité et non sa solution.
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