Délégation aux affaires stratégiques - Connaître, anticiper, partager, agir
Un peu plus d’un an après le pic de la crise économique qui a frappé par surprise l’ensemble de la planète, et dont nous ne nous sommes toujours pas totalement affranchis, il apparaît désormais évident que le choc auquel nous avons dû faire face était d’ordre systémique et qu’il nous a fait sortir du cadre de référence des dernières décennies. La soudaineté et la profondeur de cette dépression ont ainsi rappelé la justesse d’analyse du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale qui a, notamment, mis en exergue l’incertitude et les ruptures comme caractéristiques principales de l’environnement stratégique dans un monde globalisé. Cette imprévisibilité s’inscrit dans le cadre classique de l’accélération des tempo (politiques, technologiques, militaires, informationnels, etc.) et de la montée des complexités (développement des logiques de réseaux induisant nécessairement une approche globale) qui se traduisent, l’une et l’autre, par une perte des repères ainsi qu’une visibilité réduite pour le décideur. La création et la valorisation de la nouvelle fonction « Connaissance et anticipation » doit ainsi permettre de faciliter, grâce au renforcement de nos capacités, l’identification et l’analyse des signaux faibles porteurs d’avenir. Le Livre blanc conditionne ainsi clairement la définition d’une stratégie de sécurité cohérente à la capacité de mettre en œuvre un cycle prospectif permanent, en l’occurrence, de définir ce qui sera utile de connaître, dans l’avenir, au regard de la décision à éclairer, d’une part et de rétrécir la pluralité des avenirs par des éliminations raisonnées (incohérent, superflu, etc.), pour ne conserver que l’utile par rapport à une décision située dans une perspective de plus ou moins long terme, d’autre part.
S’appuyant sur les recommandations du Livre blanc, la Délégation aux affaires stratégiques, dont la responsabilité est d’animer et de mettre en cohérence la prospective de Défense, a lancé une nouvelle démarche depuis septembre 2008. Capitalisant sur les actions engagées depuis 2005, trois exigences ont été identifiées et constituent, d’ores et déjà, autant d’axes d’effort auxquels l’ensemble des organismes du ministère, au tout premier rang desquels figurent, outre la DAS, l’EMA, la DGA et le SGA, concourent à travers la mise en œuvre d’un plan d’action spécifique.
• Le premier axe concerne la coordination des démarches de l’ensemble des acteurs du ministère qui contribuent au processus de préparation de l’avenir. La défense apparaît relativement bien dotée pour ce qui est des moyens dévolus à la réflexion prospective du fait notamment de pôles de compétences dans les domaines technologiques ou stratégiques. Il s’agit d’identifier, partager et valoriser l’ensemble des synergies qui existent entre les différentes prospectives (géostratégique, technologique, opérationnelle, capacitaire, etc.) conduites au sein du ministère. La prochaine création du « Comité de cohérence de la réflexion stratégique et de la prospective de défense » (CCRP) vise à répondre à ce défi, en réunissant l’ensemble des grands organismes prescripteurs (DAS, EMA, DGA, SGA, IRSEM, DEMS, DRM, états-majors d’armée, Dicod, etc.), pour favoriser une plus grande cohérence dans l’expression du besoin. Au-delà des gains d’efficacité qui devront naître de ces rapprochements, l’objectif porte également sur la mise en œuvre d’une approche analytique large, comme le rappelle là encore le Livre blanc.
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