Dans cette réflexion générale, l’auteur aborde la notion de résilience, ses différents domaines d’application et en ébauche un concept en présentant l’ambivalence actuelle du terme. Il s’interroge ensuite sur la résilience d’une nation et esquisse un concept de résilience français.
Résilience : de quoi s'agit-il ?
What does resilience really mean?
In this wide-ranging article the author reflects on the notion of resilience and the different domains in which its application is relevant, and sketches out a concept that acknowledges the ambivalence of the term. He then considers what is meant by the resilience of a nation, and outlines a concept of French resilience.
Le terme « résilience » fleurit de nombreux articles de revues spécialisées, qu’elles soient de physique, de psychologie, de management ou de stratégie. Résilience : le mot mérite que l’on s’y arrête en raison de sa puissance évocatrice et de la mode qui s’y rattache. Il vient du verbe latin resaltare qui signifie rebondir, résulter, ou encore, du verbe resilire, signifiant littéralement sauter en arrière, se retirer (1), qui a donné résilier (se retirer d’un contrat). Mais le mot est employé dans de nombreux domaines avec des sens particuliers qui se rejoignent autour de l’idée d’adaptation face à un choc.
Les domaines de la résilience
En fait, les scientifiques utilisent depuis longtemps le mot résilience, à commencer par les physiciens pour définir une des propriétés de l’acier (2). Pour eux, il s’agit d’une grandeur caractérisant la résistance d’une barre aux chocs. Le mot est également utilisé en biologie comme l’aptitude à se maintenir dans un milieu malgré ses modifications et les atteintes des prédateurs. L’écologie, quant à elle, définit le temps de résilience comme le temps nécessaire à un écosystème pour retrouver l’état originel après perturbation.
En France, ce fut la psychologie qui lança le concept ces dernières décennies. Le terme est introduit par Boris Cyrulnik : « La résilience définit la capacité à se développer quand même, dans des environnements qui auraient dû être délabrants ». La résilience serait ainsi une capacité à faire face à un traumatisme sans en être affecté ultérieurement, ou à trouver un moyen de se reconstruire. De façon plus large, la résilience est une capacité à continuer sa vie après une souffrance ou un choc. Elle définit une sorte de stabilité immédiate ou retrouvée. Ainsi, la résilience serait une qualité psychologique permettant à ceux qui la vivent un retour conscient ou inconscient à l’équilibre sans traumatisme. Cependant, Michel Hanus, psychiatre, dans son dernier livre La résilience, à quel prix ? (3), met en garde sur la généralisation du processus de résilience. Elle risque de marginaliser ceux qui ne seront pas résilients et de les étiqueter péjorativement comme ceux qui ne sont pas capables !
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