La question écologique s’est imposée comme un enjeu majeur des relations internationales du prochain demi-siècle. Mais elle pose des problèmes nouveaux de justice planétaire plutôt que de rapports de puissance, et sa solution renvoie à la question sociale au sein des différents pays.
La crise écologique : une question de justice
The ecological crisis: a question of justice
The question of ecology has become a major issue for international relations in the next half-century. But it poses new problems of worldwide justice more than questions of power politics, and its solution will always be a reflection of internal social issues in the countries concerned.
La crise écologique a pris dans les dernières décennies une ampleur telle que ses effets commencent à être clairement visibles, tandis que la communauté scientifique décrit de plus en plus précisément les effets qu’elle pourrait avoir sur l’avenir des sociétés humaines. Jusqu’à récemment reléguée au rang de préoccupation secondaire voire folklorique, elle est perçue depuis quelques années comme un enjeu géopolitique majeur. En 2007, le Center for naval analysis, groupe de conseil regroupant des officiers des États-Unis à la retraite, publiait un rapport liant sécurité nationale et changement climatique (1). Début 2008, Xavier Solana, haut représentant de l’Europe pour la politique étrangère, rendait au Conseil européen un document sur le même thème (2). Fin 2008, le rapport rendu tous les cinq ans par le National Intelligence Council, organe synthétisant les analyses géopolitiques des services de renseignement américains, plaçait le pic pétrolier, la pénurie d’eau et le changement climatique au rang des problèmes majeurs devant définir la position stratégique des États-Unis (3). En septembre 2009, la CIA (Central intelligence agency) ouvrait son Centre sur le changement climatique et la sécurité nationale, précisant qu’il s’agirait d’étudier « l’impact sur la sécurité nationale de phénomènes tels que la désertification, la montée du niveau de la mer, les mouvements de population et la compétition croissante pour les ressources naturelles » (4). Et pour ceux qui douteraient encore de l’interaction entre crise écologique et politique internationale, le retentissement du Sommet de Copenhague sur le climat en décembre 2010, qui a réuni plus de 120 chefs d’État, comparé à la modestie de l’écho qu’a reçu la conférence de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) organisée le même mois, aiderait à déplacer la perspective.
Une crise écologique d’ampleur historique
Avant d’analyser plus en détail les impacts de la crise écologique sur les relations internationales, il n’est pas inutile de rappeler ici le b-a ba du changement climatique.
Le changement climatique est dû à l’accroissement de l’effet de serre : certains gaz, tels que le dioxyde de carbone ou le méthane, ont la propriété de piéger près de la planète une partie du rayonnement qu’elle réfléchit vers l’espace. Du fait de l’accumulation récente de ces gaz dans l’atmosphère, la chaleur moyenne de celle-ci augmente.
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