Le climat est devenu, pour les États-Unis, une affaire de sécurité nationale. En septembre 2009, un centre sur le changement climatique a été créé par la CIA pour scruter le ciel et la biosphère, et vérifier les taux de pollution de chaque pays. Plus qu’une simple mission, cette création marque un changement de cap avec l’émergence d’un nouveau trio sécuritaire : climat, économie, contrôle stratégique.
Climat : enjeu de sécurité ou contrôle stratégique ?
Climate: an issue of security or of strategic control?
For the United States, climate has become a national security issue. In September 2009 the CIA created a Centre for Climate Change to monitor space and the biosphere, and to verify the levels of pollution of every country worldwide. This initiative is more than just a new mission; it marks a change of policy which acknowledges the new security-related troika of climate, economy and strategic control.
La météo est devenue une affaire de sécurité pour la CIA. Le 25 septembre 2009, la CIA créait le centre sur le changement climatique et la sécurité nationale. Voici comment la sénatrice démocrate Diane Feinstein justifiait alors cette décision : « Notre […] mission est d’évaluer les projets et les intentions des autres pays. La CIA aidera l’Administration américaine à mettre en place des régimes de vérification pour tout traité portant sur le changement climatique de manière que nos dirigeants puissent négocier en position de force. C’est là l’un des rôles d’un service de renseignement ».
Le rôle de la CIA est donc de surveiller les pays et de s’assurer qu’ils respectent leurs engagements en matière de climat. Ce n’est pas tout. La CIA doit également participer à la guerre économique. Cela suppose d’évaluer les conséquences sur la sécurité nationale de la compétition acharnée à laquelle se livrent désormais les principales grandes puissances économiques – États-Unis en tête mais aussi Chine, Inde, Allemagne, Brésil – pour l’appropriation, l’exportation et le contrôle des ressources naturelles. Pour accomplir sa mission, la CIA dispose de moyens technologiques importants grâce à ses nombreux satellites espions. L’agence de Langley a même trouvé des alliés importants dans la communauté scientifique américaine. La CIA partage en effet ses images satellites avec les chercheurs américains chargés de l’étude de la Terre. Un service qui n’est pas toujours sans contrepartie.
De l’autre côté de l’Atlantique, les services secrets restent discrets. Pour l’instant, ce sont les scientifiques qui ont la main sur la question. Ils disposent du satellite européen Envisat, le plus grand satellite européen d’observation de la Terre : circulation océanique de température des eaux, niveau des mers, état des terres émergées, Envisat est constamment branché sur le pouls de la Terre. Le satellite d’observation a du reste encore d’autres atouts. Envisat a la capacité de mesurer les composants de l’atmosphère qui ont une influence directe ou supposée sur l’effet de serre mais aussi sur les variations de la couche d’ozone. Mais Envisat manquerait de précisions sur le taux d’émissions de CO2 rejetés dans l’atmosphère. C’est l’avis de Didier Renaut, directeur de la stratégie au Cnes. Ce dernier n’hésite pas à reconnaître les limites intrinsèques d’Envisat. « Ce satellite est capable de mesurer le taux de dioxyde de carbone mais avec une précision qui est insuffisante et à des niveaux d’altitude qui ne sont pas suffisamment bas dans l’atmosphère pour que l’on puisse être certain que ces émissions sont d’origine humaine ». Du coup, le Cnes a lancé son propre programme de recherche pour l’observation satellitaire. Un satellite plus précis et entièrement dédié à la mesure des taux de dioxyde de carbone présents dans l’atmosphère : MicroCarb. « On devrait être capable, s’il est lancé, poursuit Didier Renaut, de mesurer les taux de dioxyde de carbone présents dans l’atmosphère avec une précision de l’ordre d’une à trois parties par million (ppm). Il s’agit là d’une véritable performance technique ». MicroCarb pourrait être lancée dans quatre ou cinq ans. En attendant les États sont dans l’obligation de s’entendre et de discuter entre eux sur la manière d’appliquer les décisions prises lors des Sommets de Kyoto ou de Copenhague.
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