Afin de sensibiliser les futurs cadres de nos armées à la complexité de leur environnement et de leur cadre d’action, le ministre de la Défense a décidé, en 1999, de réunir chaque année, à l’École militaire, pour une durée de deux semaines, les élèves officiers des grandes écoles militaires. La 10^e édition du Séminaire interarmées des grandes écoles militaires (Sigem) s’inscrit donc dans cette perspective. Articulée autour d’un thème propice à la réflexion, l’approche dynamique et sans détour des grandes questions d’actualité qui concernent directement le ministère de la Défense constitue l’élément majeur du succès de cette manifestation.

Un monde nouveau

En franchissant les portes du XXI^e siècle nous sommes entrés dans une période que l’on peut qualifier d’incertaine et d’imprévisible. Incertitude et imprévisibilité se nourrissent de paradoxes tels que mondialisation et émergence de puissances régionales, judiciarisation qui réduit les marges de manœuvre des États souverains et terrorisme qui s’affranchit des frontières, course à l’audimat et impératif de vérification de l’information, crise financière et flux migratoires, perte des valeurs et élans de solidarité, développement des réseaux « sociaux » et exclusion… Et cette énumération n’est certainement pas exhaustive.

À la lumière de l’analyse stratégique de cet environnement mondial complexe et instable, ainsi que de ses conséquences dans le domaine sécuritaire, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 a redéfini une stratégie de sécurité nationale pour la France. Il trace les contours de notre nouveau cadre d’action, confirme les grandes fonctions stratégiques préexistantes – dissuasion, protection, prévention et intervention – auxquelles il ajoute celle de connaissance et anticipation. Il acte les ambitions européennes et atlantiques de la France, la seconde s’étant concrétisée, dès 2009, par la réintégration dans les structures de commandement de l’Otan.