Guerre et images - Les trois Indochine de Pierre Schoendoerffer
Alors que les images télévisées du conflit afghan défilent sans trêve sur nos petits écrans, et que cette guerre est très vraisemblablement promise à un grand succès cinématographique (de par l’histoire du pays, les origines du conflit et la proximité que certains y voient avec le Vietnam), il peut être utile de se pencher sur le traitement de la guerre d’Indochine par le cinéaste Pierre Schoendoerffer. Un conflit moins « filmé » que le Vietnam ou les guerres contemporaines, mais dont le réalisateur du Crabe tambour a su rendre l’épaisseur historique et la cruelle âpreté.
Une légende rapporte que les balles utilisées lors des scènes de fusillades du long-métrage La 317e section de Pierre Schoendoerffer, n’étaient pas à blanc, mais réelles. Les munitions de guerre étant moins coûteuses que les balles « truquées » de cinéma ! On pourrait en tirer la conclusion d’une certaine intrépidité de la part du réalisateur, ou même d’une certaine imprudence… On peut aussi y voir le symbole d’un cinéaste qui a toujours introduit du réel brut et tranchant dans l’ensemble de ses fictions et particulièrement dans ses récits de guerre.
Certains conflits sont beaucoup plus présents que d’autres au cinéma. C’est en partant de ce constat que l’on saura apprécier les films que Pierre Schoendoerffer a consacrés à la « très rare » guerre d’Indochine. Certes, aucun conflit contemporain n’a pu échapper à une revisitation cinématographique. Les conflits les plus globaux, donc les plus meurtriers et les plus traumatisants (les deux guerres mondiales) ont été les sources d’inspiration guerrière les plus fécondes pour le cinéma. Si la guerre du Vietnam a donné lieu à un très grand nombre de films, essentiellement américains (Go tell the Spartans, Apocalypse Now, Full Metal Jacket pour n’en citer que quelques-uns), le conflit indochinois a inspiré nettement moins de cinéastes. L’un des principaux réalisateurs à avoir rendu compte de cette guerre complexe, mal aimée, bourrée d’actes d’héroïsme individuel et dominée par la bataille perdue de Diên Biên Phu est Pierre Schoendoerffer. Il est l’un des seuls faiseurs d’images à s’être attaqué frontalement à ce monument historique majeur de l’épopée coloniale française, qui a marqué le début du naufrage d’un « projet » impossible… l’Empire.
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