La vision des citoyens européens en matière de Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) associée au Traité de Lisbonne ratifié repose encore sur de fortes inerties. Au-delà des visions « réalistes » et « idéalistes » trop réductrices et trop simplistes, les opinions publiques européennes soutiennent globalement cette politique par le biais des missions de gestion de crise et par l'intermédiaire des médias vers lesquels les politiques de communication restent imparfaites et trop souvent exclusivement nationales.
Regards sur la nouvelle Politique de sécurité et de défense commune (PSDC)
Reflections on the new Common European Security and Defence Policy (CESDP)
The attitudes of European citizens towards the CESDP associated with the ratified Treaty of Lisbon are taking time to develop. Over and above the ‘realist’ and ‘idealist’ schools (each of which is over-reductive and simplistic), European public opinion broadly supports this policy through crisis management missions and media intermediaries. Communication policies, however, remain far from perfect, and only too often exclusively national.
Après la crise provoquée par la ratification du Traité de Lisbonne, après l’érosion des audaces de la Convention qui avait préparé le traité constitutionnel, il est encore un peu tôt pour commenter la nouvelle vision des responsables politico-militaires relative à la nouvelle Politique (européenne) de sécurité et de défense commune (PeSDC). Certes, les États européens ont fini par adopter juridiquement le nouveau Traité sur l’Union à la fin de l’année dernière. De même, bien des discours et analyses mettent en avant les possibilités offertes par la création du Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (1), la présidence du Conseil, l’élargissement du champ des missions de l’Union européenne, les coopérations renforcées étendues au domaine de la défense, le devoir d’aide et assistance mutuelle, la clause de solidarité, la coopération structurée permanente, le service d’action extérieure, l’approche civilo-militaire intégrée, etc.
Mais ce n’est pas parce que ce traité peut mieux organiser une Europe devenue une « puissance pluridimensionnelle » à plusieurs vitesses, que les problèmes s’effacent et que les États ont décidé d’oublier leurs intérêts et de renoncer aux agendas cachés et à la pratique des diplomaties parallèles et informelles, sinon des diplomaties médiatiques nationales (2). L’UE est avant tout une union d’États. La politique de défense commune, objectif final du Traité, reste un objectif lointain, quand bien même la puissance normative européenne égratigne quelque peu les puissances publiques nationales. Les garde-fous restent nombreux, entre tropisme otanien et sirènes américaines (3), Battlegroups dédaignés, coopérations renforcées sous le signe de l’unanimité, divergences intra-européennes autour du mécanisme « Berlin + », verrous technologiques dans l’espace transatlantique, problèmes entre présidences tournantes et Haut représentant, difficultés des États à mettre à disposition rapidement moyens et effectifs pour les missions de gestion de crise, freins politiques au début de cette année autour du lancement de la Coopération structurée permanente (CSP) au vu de sa complexité et des inquiétudes autour d’un outil à deux vitesses, avec des exclus (4).
Une montée en puissance majeure des Européens, un sursaut rapide, une prise de conscience de leurs responsabilités nationales à établir une PeSDC crédible seront d’autant plus difficiles à déclencher que les États européens fonctionnent de manière individualiste et inégale en termes d’ambition, se reposent souvent sur le « Grand Frère » américain, tout en subissant de plein fouet une crise économique et bancaire modificatrice de priorités étatiques.
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