La mort des Ceausescu - La vérité sur un coup d'État communiste
La mort des Ceausescu - La vérité sur un coup d'État communiste
La mémoire conserve le souvenir d’une scène télévisée tournée à Timisoara en Roumanie en décembre 1989, scène qui s’est révélée un montage éhonté : une femme morte dénudée, terreuse, entravée par du fil de fer barbelé et sur son ventre, le cadavre de son bébé également nu et terreux. Tout pour émouvoir la sensibilité des foules ! Il se révéla que les médias avaient été manipulés. Les cadavres sortaient de la morgue de Timisoara et le bébé n’était pas celui de la morte. Très simplement, il n’y avait pas eu de massacre.
Dans cet ouvrage, l’auteur Catherine Durandin, agrégée d’histoire, docteur ès-lettres, professeur des universités à l’Inalco où elle enseigne le roumain, écrivain et romancière, campe avec un rare bonheur la chute des Ceausescu. À vingt ans de distance, surgissent des personnages qui font l’événement, qui construisent l’histoire.
L’auteur nous éclaire et nous aide à nous remémorer les épisodes de cette soi-disant révolution, retracée par la télévision avec des commentaires emphatiques. La foule et des soldats tiraient, mais sur qui ? Qui étaient les contre-révolutionnaires ? Où se cachaient ces invisibles supports du régime totalitaire ? Le récit des événements laisse prise à des hypothèses qui font de cet ouvrage mieux qu’un roman d’espionnage parce qu’il traduit une réalité sans ambages.
Au lecteur de se faire une opinion, entre ces différentes hypothèses. On reste sidéré à la pensée qu’un mois après la chute du mur de Berlin, les Ceausescu espéraient conserver le culte de la personnalité selon un modèle qui, somme toute, n’avait pas grand-chose à envier au modèle stalinien.
La description de leur jugement est ahurissante. Leur avocat fait assaut dans l’accusation avec le procureur, tandis que Nicolae Ceausescu se réfère, pour se faire juger, à une instance qui n’existe plus. Ubu roi !
Qui a monté cette manipulation ? Le KGB sur ordre de Michaïl Gorbatchev avec son homologue roumaine, la Securitate ? La Securitate seule ? La Sécuritate et la CIA ?
Au détour des pages, on voit ressurgir la question de la Transylvanie et l’ombre de ce vieux Traité de Versailles de 1919 que l’on croyait enterré.
La langue et le style sont limpides. Le lecteur a du mal à se détacher de la lecture.