Le ministère de la Défense est le premier propriétaire foncier de France ! Son souci de la biodiversité passe par une série d'actions et de protocoles spécifiques, mais aussi de partenariats nouveaux que révèle cet article.
Défense et protection de la biodiversité : idées reçues et réalité
Defence and the protection of biodiversity: preconceived ideas and the reality
The Ministry of Defence is the biggest property owner in France. Its concern for biodiversity is manifest in a number of activities, special protocols and new partnerships, as revealed in this article.
Plus de vingt ans après l’adoption de la Convention de Rio, par laquelle les États s’engageaient à stopper le processus d’appauvrissement de la biodiversité, 2010 est officiellement déclarée, par l’ONU, « Année internationale de la biodiversité ». Résultat de deux milliards d’années d’évolution du vivant, la biodiversité, ou diversité biologique, recouvre l’ensemble des formes de vie sur terre (la faune, la flore, les milieux naturels mais aussi l’espèce humaine) ainsi que les relations établies entre elles. Menacée par la dégradation de certains milieux, l’utilisation d’espèces et de ressources naturelles au-delà de leur capacité de renouvellement, la pollution de l’eau, de l’air ou des sols, et les effets du réchauffement climatique, cette biodiversité tend à disparaître.
En France, la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement inscrit l’arrêt de « la perte de la biodiversité » à l’ordre du jour national et complète le dispositif existant, codifié aux articles L. 341-1 et suivants du Code de l’environnement. Cette loi s’applique à la totalité du territoire, le domaine public de la Défense ne dérogeant pas à cette règle. Premier propriétaire foncier de France, celui-ci se doit de contribuer de façon exemplaire à la préservation et à l’amélioration des espaces naturels dont il a la charge. En outre, il est apparu, lors de l’inventaire des Zones naturelles françaises d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) réalisé par le ministère de l’Environnement en 1980, que les terrains de la Défense présentaient un intérêt environnemental indéniable. Un constat s’imposait : si à l’origine ces terrains répondaient à un but exclusivement opérationnel, les activités pratiquées ont concouru à la sauvegarde des espèces animales et végétales qu’ils abritaient. Sanctuarisés pour l’accomplissement des missions et l’entraînement des forces, ces terrains ont été préservés de l’agriculture intensive, de l’urbanisation et de l’industrialisation. Exempts de labours, de traitements chimiques, pesticides ou phytocides, et bénéficiant d’un entretien minimal suffisant, ils laissent les processus naturels d’érosion ou de sédimentation se développer, permettant aux différentes espèces de trouver les conditions propices à leur épanouissement.
L’affectation particulière de ces terrains n’est cependant pas le gage d’une richesse naturelle et d’une biodiversité exceptionnelle. Ces terrains ne sont uniques que par les conditions mêmes de l’exercice militaire qui produisent, en définitive, un dérangement minimum : les terrains d’exercice ne permettent pas de séjour long (absence d’immeuble et d’infrastructure), les champs de tir ne sont pas conçus pour accueillir de l’hébergement, les bases aériennes possèdent, du fait des servitudes aéronautiques, de vastes étendues non bâties. Ces sites ont tous un point commun : la surface bâtie est faible par rapport à la surface totale de l’emprise. Ainsi, pour répondre à cette spécificité, le ministre de la Défense signe, le 9 décembre dernier, le plan d’action Environnement 2010-2014 qui conforte, eu égard à l’opinion publique, la réalité de son engagement. Ce plan incite la participation des armées au réseau européen Natura 2000 et encourage une gestion partenariale des terrains militaires, tout en veillant à ne pas annihiler l’entraînement des forces, ni à compromettre leur mission prioritaire.
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