Le reclassement de l'Europe dans le nouvel ordre mondial appelle un projet européen réaliste et mobilisateur. Les incertitudes qui pèsent sur l'Est de l'Europe, espace contrasté mais animé par une stratégie russe de reconquête économique des confins orientaux de l'Union européenne, appellent à un dialogue renouvelé avec la Russie.
Les confins orientaux de l'Europe
Europe’s eastern limits
Finding a place for Europe in the new world order calls for a realistic and inspiring European project. Eastern Europe is an area full of contrast though bogged down by uncertainty arising from the Russian strategy of renewed economic domination of the EU’s eastern limits. A fresh dialogue with Russia is called for.
Qu’est-ce que l’Europe de l’Est ? Où passe la frontière orientale de l’Europe ? Cette question déclenche une réponse instinctive chez les Européens de l’Ouest, mais elle est beaucoup moins triviale pour des Européens de l’Est. Or, précisément, définir et comprendre les confins orientaux de l’Europe suppose de ne pas se limiter à une perspective vue de l’Ouest, mais de s’interroger du point de vue de l’Est et de sa périphérie. Car l’Est est une réalité géostratégique appréciée diversement par les intéressés eux-mêmes.
Comment se voit l’Est de l’Europe ?
L’Est est une « qualification » fortement rejetée par les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ; une réalité forcée du passé qu’ils tentent aujourd’hui d’oublier à travers, d’une part, le rappel d’une longue histoire commune et une proximité réciproque avec l’Autriche et, d’autre part, la quête et la réaffirmation des identités nationales. De fait, en Hongrie, en République tchèque, en Slovaquie ou en Slovénie, le sentiment d’européanité passe par un environnement où tout semble rappeler l’Autriche voisine. Seule exception dans cette région, la Pologne dont l’environnement rappelle plutôt celui des pays associés à la Russie tels la Biélorussie ou l’Ukraine. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la Pologne est aussi, au sein des pays d’Europe centrale et orientale, le pays le plus antirusse, le plus pro-américain et le plus hostile à l’idée d’un rapprochement Russie-UE.
Dans l’Europe du Nord-Est, les pays baltes, à l’exception des conflits permanents entre Lettonie et Russie, ont fait le choix d’une posture résolument pro-européenne qui se nourrit davantage d’un volontarisme européen calculé et pragmatique de la part de leurs populations et de leurs gouvernants que de l’affirmation de liens historiques et culturels passés avec l’Europe.
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