En récapitulant l’histoire d’Al-Qaïda, sa dimension régionale, ses entreprises criminelles, ses émeutes, on peut amplifier et renforcer la lutte contre le terrorisme islamiste. Le chemin de la lutte antiterroriste passe aussi par une résolution intellectuelle et morale.
Une stratégie contre Al-Qaïda
A strategy against al-Qaeda
By re-examining the history of al-Qaeda, its regional dimension, its criminal activities and its rabble-rousing, it is possible to amplify and strengthen the fight against Islamic terrorism. The anti-terrorist battle also calls for intellectual and moral resolve.
Le mouvement terroriste d’inspiration sunnite salafiste créé par Oussama Ben Laden, fils d’un grand industriel saoudien d’origine yéménite (la Bin Laden Corporation est l’un des géants de la construction et du BTP dans le Golfe), est véritablement né dans les années 80 au Pakistan à Peshawar, lieu de rassemblement des résistants musulmans et islamistes du monde entier qui souhaitaient combattre l’intervention soviétique en Afghanistan commencée en 1979. Les Moudjahidins ont à cette époque, en pleine guerre froide, été en partie armés par les puissances occidentales, en particulier par les États-Unis. Le nom d’Al-Qaïda, organisation terroriste islamiste désormais internationale, qui signifie « la base », est sans doute inspiré par le lieu de recrutement mondial que constituait Peshawar, à l’époque financé par les pays pro-américains du Golfe comme l’Arabie saoudite et bien sûr le Pakistan, dont les services secrets de l’armée, l’ISI (Inter Intelligence Service), soutenaient ardemment les combattants.
Cependant, la guerre du Golfe en 1990 et l’affaiblissement puis la disparition de l’Union soviétique en 1991 ont considérablement modifié la donne. Les troupes de la coalition, en particulier américaines, engagées contre l’Irak baasiste de Saddam Hussein se sont installées sur le territoire saoudien, où se trouvent les principaux lieux sacrés de l’islam et en particulier La Mecque ; l’Armée rouge a quitté le sol afghan, laissant la place à des gouvernements de coalition instables dans un pays où les seigneurs de la guerre regroupés par ethnies (pachtouns, tadjiks, etc.) et les mouvements islamistes se sont disputé le leadership.
Oussama Ben Laden s’est alors rapproché d’intellectuels islamistes et djihadistes (favorables à la guerre sainte contre les ennemis de l’islam) comme Ayman Al Zawahiri, inspiré par le mouvement des Frères Musulmans (créé en Égypte dans les années 60 et prônant un retour aux règles de l’islam contre le nassérisme et les partis baasistes plus modernes eux-mêmes inspirés par le marxisme et considérablement affaiblis par les défaites de l’Égypte contre Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967, puis de la guerre du Kippour en 1973). Ainsi Al-Qaïda devait alors s’affirmer antiaméricain, antisioniste, antioccidental, et opposé aux régimes des États musulmans alliés avec les États américains et occidentaux, il réclame également la réunification des États musulmans du monde entier dans un grand Califat, renouant avec les grands empires islamiques disparus avec la chute de l’empire turc au début du XXe siècle. Al-Qaïda souhaite dans ce cadre la restitution de la Palestine à ses occupants arabes, mais n’a étrangement jamais véritablement attaqué le territoire d’Israël, ni les intérêts juifs ou israéliens dans le monde.
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