En renouant avec les racines, navales et comportementales, des règles d’engagement de l’Otan pendant la guerre froide, on comprend mieux qu’elles permettent aujourd’hui de définir des tactiques efficaces dans les engagements asymétriques pour assurer la supériorité militaire sans recourir à l’escalade de la violence.
La généralisation progressive des règles d'engagement dans l'Otan
Progressive generalisation of NATO’s rules of engagement
By re-examining the origins, naval and behavioural, of NATO’s rules of engagement during the Cold War, it is easier to understand that they help us today to find effective tactics in asymmetric conflicts, and to ensure military superiority without resorting to escalating violence.
Les règles d’engagement sont un instrument devenu essentiel pour permettre aux responsables politiques de gérer les crises, en contrôlant le niveau de violence que les forces déployées dans la zone d’opération peuvent utiliser. Pourtant, très peu se souviennent de leur origine et connaissent le développement qu’elles ont connu pendant presque un demi-siècle. Pour comprendre le système et ses limitations et ainsi les utiliser au mieux, il convient de récapituler les étapes du processus qui les a généralisées.
Vers la moitié des années 60, les pays occidentaux ont compris que l’Union soviétique avait finalement reconnu l’impossibilité de gagner une victoire terrestre contre les forces de l’Otan sur le front de l’Elbe. La réaction occidentale aurait impliqué, en cas d’effondrement du front allié, un bombardement nucléaire qui aurait vitrifié le Nord de l’Allemagne, ainsi que les divisions de l’Armée Rouge, tandis que percer le seuil de Fulda aurait été pour l’URSS un effort considérable, qui l’aurait épuisée.
En conséquence, les spécialistes soviétiques ont élaboré une autre stratégie, dite périphérique ou d’approche indirecte, envisagée pour saper les bases mêmes de la puissance économique occidentale, fondée sur l’achat de matières premières à bas prix dans le tiers-monde. Cette approche fut alors focalisée sur le soutien aux guerres de libération en Afrique et surtout en Asie, moins éloignée des bases principales de l’espace soviétique. Les guerres de Corée et du Vietnam en avaient été les exemples précurseurs ; elles furent couronnées d’un certain succès, mais la crise de Cuba démontra que l’Union soviétique était dépourvue d’un instrument essentiel pour mettre cette stratégie pleinement en pratique partout dans le monde, c’est-à-dire une marine de surface, capable de montrer, par sa présence, le soutien visible à ces mouvements de libération nationale.
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