Paramilitaire est un mot récent pour qualifier une réalité ancienne. Si en effet, son apparition en Allemagne à partir de 1918 est liée à l’émergence de formations extrémistes, organisées selon la structure et la discipline militaires, il avait existé au cours des siècles, en dehors des armées régulières, des groupements occasionnels de citoyens attachés à la protection de la cité : milices communales du XII^e siècle, garde nationale de la République et de la Monarchie françaises, ou des États-Unis d’Amérique.

Le phénomène n’a pas disparu et a même pris une importance particulière de nos jours : le Moyen-Orient offre de nombreux exemples de milices ou phalanges engagées dans la défense de leur race, de leur religion ou de leur identité nationale. Mais à côté de ce développement plus ou moins spontané, il existe, dans les pays socialistes, une organisation de la population dans des formations para, pré et post-militaires, dont les effectifs sont au moins aussi importants que ceux des armées d’active et de réserve.

L’ampleur de ces formations, mais aussi leur diversité, apparaissent avec plus ou moins de clarté au moment des crises qui secouent successivement les pays de l’Est. La récente expérience de militarisation de la Pologne nous invite à faire le point d’un problème assez mal connu à l’Ouest. Ce premier article décrit donc l’organisation existant en URSS, et montre comment la doctrine marxiste du « peuple en armes » a été adaptée aux nécessités historiques et sociologiques. Un deuxième article traitera des imitations du modèle soviétique par la plupart des pays de l’Est, et du révisionnisme de quelques-uns.