Pour tous ceux qui ont bien connu le Vietnam, il est évident qu'il existe une grande différence entre ce qui constituait, avant-guerre, le Tonkin d'une part l'Annam et la Cochinchine d'autre part. Dans l'ancienne union indochinoise, les régimes politiques étaient très différents puisque la Cochinchine était une colonie d'administration directe, les deux autres pays jouissant, au moins théoriquement, d'un statut de protectorat. L'Accord de Genève de 1954 avait consacré la coupure du Vietnam en deux États, mais la réunification qui a eu lieu après l'effondrement du Vietnam Sud a été très loin de résoudre tous les problèmes.
Vietnam : l'intégration du Sud ?
Pressées, au lendemain de la chute de Saigon, d’assurer l’unité politique du Vietnam et de résoudre les problèmes économiques et sociaux qui se posaient à la période de l’après-guerre, les autorités de Hanoï avaient décidé d’entamer et d’accélérer le processus d’intégration du Sud dans l’espace national. L’analyse de la situation générale en 1982 du Sud Vietnam, en particulier de Hochiminh Ville, laisse apparaître un échec patent de la tentative de fusion, pour de nombreuses raisons.
Dès lors, le problème de réunification du Vietnam demeure, même si, pour atténuer la rigueur du passé, le gouvernement tolère aujourd’hui un certain retour à l’économie du marché dans le Sud, accentuant de ce fait le risque de contamination de la société nordiste.
L’échec de l’intégration socialiste
En 1975, l’administration vietnamienne avait retenu, parmi ses orientations fondamentales, l’intégration du Sud par une socialisation rapide de son économie. Les mesures adoptées entre 1976 et 1978 consistaient à collectiviser l’agriculture, nationaliser l’industrie et abolir le commerce privé, excepté la distribution au détail. Elles se sont très vite heurtées à la résistance passive et à la démotivation profonde de la population sudiste, ainsi qu’à la lourdeur et l’incompétence de la bureaucratie administrative nouvellement installée.
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