Après un article sur « l'Église catholique face aux problèmes de la guerre et de la paix au cours des siècles » paru le mois dernier, l'auteur aborde un sujet d'une actualité brûlante, puisqu'il commente les déclarations des évêques catholiques allemands et américains dont nous ne connaissons encore que des extraits, souvent accompagnés de commentaires qui en déforment la portée ou le sens.
Les évêques allemands et américains et la promotion de la paix
#1Les évêques catholiques allemands et américains viennent de publier, à quelques semaines de distance, deux importantes lettres pastorales consacrées à la promotion de la paix. En raison de leur importance et de leur retentissement, elles méritent d’être connues dans notre pays autrement que par quelques coupures de presse ou des articles rapides, qui risquent d’en donner une image déformée (ce qui a été souvent le cas en l’occurrence). Chacun de ces épiscopats, tout en s’appuyant sur la même doctrine commune (fondamentalement la Bible, comme tous les autres chrétiens, mais aussi la tradition théologique et l’enseignement officiel des plus hautes instances de l’Église catholique : le concile Vatican II et la papauté contemporaine), parlait pour les catholiques et l’ensemble des citoyens de son propre pays. Bien que les problèmes essentiels de la guerre et de la paix soient partout les mêmes à notre époque, ils se présentent, cependant, avec des nuances différentes suivant le lieu où l’on se trouve. Par ailleurs, les sensibilités culturelles et théologiques ont aussi leurs légitimes différences. Nous allons nous en rendre compte avec l’étude des deux documents (1). Nous consacrerons un paragraphe à chacun d’eux, avec comme titre celui que chacun a adopté : I. La justice crée la paix ; II. Le défi de la paix.
La justice crée la paix
Le document publié le 15 avril dernier par les évêques catholiques d’Allemagne fédérale, sous le titre La justice crée la paix (2), a été beaucoup moins remarqué par les mass media que celui des évêques américains. C’est que, d’une part, il a été préparé dans le silence, alors que ces derniers avaient volontairement publié deux de leurs projets successifs afin de provoquer un grand débat national avant leur prise de position officielle, et que, d’autre part, il évite, à la différence du document américain, des critiques ou des suggestions qui pourraient sembler de « technique » politique et donc sur lesquelles une pluralité d’options pourraient être envisagées.
On devine que les évêques allemands se sont préoccupés d’échapper au reproche de dépasser leur propre domaine de compétence. Ils ont voulu demeurer au maximum sur le plan proprement éthique de la critique et de la prospective, en laissant à leurs lecteurs le soin d’en tirer les conclusions pratiques sous leur propre responsabilité. On comprend, dès lors, que les mass media et l’opinion publique aient été, au premier abord, plutôt déçus. Mais il serait regrettable qu’on se tienne à cette première impression, car ce serait précisément refuser d’assumer cette responsabilité personnelle à laquelle les évêques allemands veulent convier leurs lecteurs.
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article