Conclusion
En guise de conclusion, voici quelques considérations sur la crise des euromissiles qui nous sont personnelles et n’engagent donc en aucune façon la revue.
1. Au plan technique et militaire les SS-20 ont apporté un changement très important, sinon radical, dans l’équilibre des forces en Europe.
2. Mais l’affaire se situe essentiellement maintenant au plan stratégique et politique, en mettant en cause le couplage entre les systèmes de dissuasion européens et américains et la solidarité des démocraties occidentales face à l’expansionnisme soviétique.
3. La négociation entamée à Genève entre Russes et Américains n’est pas équilibrée, dans la mesure où les premiers ont déjà 351 SS-20 et les seconds encore aucun euromissile.
4. Il faut donc attendre que commence ce déploiement pour qu’il soit crédible, mais on pourrait viser alors un équilibre au niveau le plus bas possible, tout en étant conscient que les missiles de croisière ne peuvent pas remplacer les Pershing II.
5. Cette stratégie de fermeté devrait s’accompagner — il s’agirait alors d’une double stratégie faisant suite à la double décision — d’une stratégie d’apaisement, en soulignant bien qu’il ne s’agit pas de se mettre en situation de gagner la guerre mais de l’éviter, et que l’objectif final reste celui d’un désarmement en Europe à condition qu’il soit assorti d’un contrôle effectif.
6. La position officielle française actuelle au sujet du déploiement des euromissiles de l’Otan recueille un large consensus national.
7. Il serait souhaitable cependant qu’elle aille au-delà du discours, de façon à témoigner notre solidarité effective à nos alliés et en particulier à l’Allemagne fédérale. À cet égard la planification ou mieux la programmation d’un missile balistique français mobile à portée intermédiaire et à capacité anti-forces, dont on peut penser qu’elle s’imposera de toute façon un jour ou l’autre si nous voulons rester dans « la course » de la dissuasion nucléaire, aurait un retentissement politique certain. ♦