Depuis 1945, nous avons l'impression que les Balkans sont une région tranquille, après avoir été une des poudrières du monde. L'auteur, qui en est originaire, nous rappelle son importance non seulement pour les peuples et les nations qui la composent mais aussi pour ses voisins, en particulier ceux qui constituent le flanc sud de l'Alliance atlantique, Italie, Grèce, Turquie.
Les Balkans et la défense du flanc Sud de l'Otan
Pratiquement tous les débats relatifs à la défense européenne portent sur la protection du centre et du nord de l’Europe de l’Ouest. Il est vrai que l’importance démographique, économique et politique de cette vaste région est si grande que l’on peut la considérer à juste titre, comme le cœur de l’Europe. Il est également vrai, que sa destruction ou son occupation aurait des conséquences incalculables pour l’avenir de la communauté atlantique. Aussi est-il naturel de lui porter une attention toute particulière, sur le plan des moyens mis en œuvre pour sa défense.
Par conséquent, il nous semble qu’une attaque directe contre l’Europe Centrale, tout en étant possible, est peu probable dans l’immédiat, sauf circonstances exceptionnelles dues à la situation socio-économique propre à cette région. Cette faible probabilité est due au coût élevé d’une telle opération et à l’existence de facteurs historiques et stratégiques. L’attaque vers l’Ouest déclencherait probablement une riposte immédiate nucléaire stratégique américaine, française et britannique, ce qui implique ipso facto pour l’URSS un coût élevé et des gains incertains.
Si l’on regarde l’histoire, on voit que l’empire russe est depuis toujours tourné vers son Sud, c’est-à-dire toute la région allant de Trieste jusqu’aux Indes. Son objectif est d’obtenir une sortie sur les mers ouvertes (chaudes) (1). Après la première guerre, les hommes du Komintern ont élaboré davantage une stratégie politique d’expansionnisme vers le Sud. Lénine lui-même disait que la conquête de l’Europe (qui dans son esprit comprenait : Allemagne, Angleterre, France et Italie, le reste y compris les Balkans lui revenant de droit) passait par l’Afrique. Voilà donc deux raisons qui rendent, coeteris paribus, une attaque directe vers l’Ouest aujourd’hui improbable. Cependant, le « drang nach Sud » continue.
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