Cet article est le dernier de la série « La défense chimique » ; les précédents ont été publiés dans les numéros d'août-septembre et octobre 1984.
Science et défense - La défense chimique (III) De la guerre au désarmement chimique et biologique
La guerre chimique et biologique remonte à l’Antiquité la plus reculée, avec l’usage de flèches empoisonnées que ce soit par du curare en Amazonie, ou par des toxines comme la batracyotoxine de grenouille chez les Colombiens, ou la palytoxine de cœlentérés à Hawaï. Leur usage s’est maintenu longtemps à la chasse pour tuer plus sûrement le gibier, ou l’immobiliser, premier exemple d’emploi de substances incapacitantes, mais les Maures auraient encore utilisé des flèches empoisonnées à l’aconitine en Espagne en 1483.
La guerre chimique ou biologique a surtout été employée lors de sièges, en particulier par l’empoisonnement des puits : l’emploi de l’ergot de seigle est rapporté chez les Assyriens au 6e siècle, chez les Perses au 4e siècle avant JC, et en 430 à Athènes dans la guerre du Peloponèse, tandis que Solon aurait contaminé les eaux du Pleistos lors du siège de Krissa, en 600 avant JC avec des racines d’ellébore aux vertus purgatives bien connues.
Les fumées empoisonnées sont proches des attaques chimiques de la Grande Guerre. Certes le soufre et la poix étaient essentiellement destinés à activer la combustion des bûchers élevés près des remparts pour les enflammer, ou à servir de combustible dans l’ancêtre des lance-flammes décrit par Thucydide. Mais les fumées contenant des alcaloïdes ou des toxines — comme l’abrine des graines de réglisse — sont décrites dans un traité indien du 4e siècle avant JC et les défenseurs de Belgrade attaquèrent les Turcs avec un nuage de fumées arsenicales en 1456. Léonard de Vinci décrivait à la fin du 15e siècle les fumées toxiques comme armes de siège, faisant appel à toutes sortes de poisons.
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