Nous nous trouvons ici devant un épineux problème qui se pose à tout homme religieux : la frontière entre le politique et le religieux. Mais l'islam se pose le problème très différemment, car on ne peut guère faire la séparation que fait le christianisme entre ce qui revient à César et ce qui revient à Dieu.
Islam et déclarations des droits de l'homme
Tous les gouvernements musulmans sont loin d’avoir ratifié la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, ainsi que les deux pactes de 1966 relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels, et aux droits civils et politiques. Ces abstentions et hésitations procèdent, en général, de la conviction que les droits dont il s’agit sont consacrés par l’islam, et ont donc été définis, pour les peuples musulmans, de plus longue date et de meilleure manière, en sorte qu’une pratique islamique correcte doit suffire à en assurer le respect.
Certes, les faits ne correspondent pas, toujours et partout, à pareille attente. Il est patent que, dans les pays d’islam comme dans ceux de tradition différente, chrétienne par exemple, les enseignements doctrinaux ne suffisent pas toujours à dissuader les tyrans et leurs séides. Mais n’est-ce pas là une raison de plus pour affiner la définition des droits, pour renouveler, préciser et renforcer leur expression, pour mieux frapper les esprits en présentant, sous une forme renouvelée, ces hautes exigences de moralité ?
Juristes, canonistes et gouvernants musulmans sont désormais nombreux à estimer que les enseignements de l’islam pourraient être présentés sous une forme renouvelée, en vue de leur application dans les conditions actuelles du monde. Certains s’interrogent donc sur l’opportunité d’une proclamation islamique des droits de l’homme. Au cours de ces dernières années plusieurs projets, très différents, ont été esquissés.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article