Certains pays de l’Amérique du Sud font la « Une » de nos informations d’une façon quasi permanente : le Brésil, l’Argentine, le Chili évidemment, etc. Par contre, d’autres sont peu évoqués bien que des événements graves et inquiétants s’y déroulent. C’est le cas du Pérou, pays de 20 millions d’âmes, où s’est développée une guérilla sanglante menée par le mouvement maoïste « Sentier lumineux », qui, parti de la Sierra d’Ayacucho, menace maintenant Lima, la capitale. Les méthodes d’élimination sont très comparables à celles qui furent utilisées par les Khmers rouges au Cambodge, et le nombre des victimes est passé d’un mort en 1980 à 6 000 dont près de 3 700 en 1984. Qu’apporteront à ce pays les élections de 1985 ?
Pérou : la longue marche de « Sentier Lumineux »
Ayacucho novembre 1984 : découverte d’une fosse commune contenant une quinzaine de cadavres en état de décomposition avancée, exécution de 22 paysans accusés de collaborer avec la police, dynamitage des quatre ponts d’accès à la ville. Les hommes de « Sentier Lumineux » viennent de frapper trois fois en trois jours, la presse locale ne consacrera que quelques lignes à des événements somme toute ordinaires dans cette région secouée par la guérilla.
Ayacucho compte 60 000 habitants. C’est la capitale du département le plus pauvre du Pérou, le revenu y est dix fois plus faible que la moyenne nationale (1) et 30 % des enfants y meurent pendant leur première année. À 400 kilomètres de là, les sites historiques incas de Machupicchu et Cuzco ne reçoivent plus la visite des touristes. Déclarée « zone d’urgence », Ayacucho est aujourd’hui sous contrôle militaire et 3 500 victimes y ont été décomptées depuis le début de la guérilla ouverte par Sendero Luminoso (Sentier Lumineux) en 1980.
Les origines de Sentier Lumineux
Sendero Luminoso est à la fois héritier des révolutions castriste et maoïste et dépositaire de la tradition socialiste péruvienne.
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