L'auteure a étudié avec soin une des conditions indispensables à l'exercice de la défense : la liberté des mers, sans laquelle nous, en particulier, serions asphyxiés. Partant du traité de Montego Bay, si difficilement élaboré, elle montre bien que tous les événements récents, même les conflits comme celui du Golfe, et toutes les velléités de certains États de s'approprier une vaste étendue maritime, n'ont en fait pas affecté fondamentalement le « dernier espace de liberté sur la planète ».
Liberté des mers et défense
Clemenceau a eu beau dire que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires, ce sont eux qui la font. Ce sont donc eux qui la pensent, et qui lisent les stratèges. Or nombre de grands écrits stratégiques, ceux auxquels il est usuel de se référer aujourd’hui, datent du début du siècle. À l’époque l’Angleterre était au sommet de sa puissance : son rayonnement fascinait les penseurs, appliqués à comprendre comment une île moyenne, perchée dans les brumes atlantiques, avait pu imposer sa domination au monde. Aussi la maîtrise des océans était-elle au centre de leur réflexion, qu’ils en fassent ou non la clef de la puissance.
L’Angleterre s’est repliée sur son passé, les données de la stratégie mondiale se sont bouleversées, mais l’importance de la mer demeure. La floraison de micro-États insulaires, le rôle accru des régions isolées par la mer, Pacifique et zones polaires, le pétrole et l’espoir des ressources minières y diversifient les enjeux. Surtout, et l’avènement de la puissance navale soviétique en est un signe, l’importance de la circulation en mer semble plus grande que jamais auparavant.
La liberté de circulation en mer, enjeu capital pour la défense
Quatre raisons majeures expliquent le prix qui s’attache pour les militaires à la liberté de circulation en mer. La première est question d’espace. Il leur faut, pour préparer les affrontements, sinon pour s’affronter, un théâtre à la mesure de la portée des armes modernes. Or le champ de manœuvres idéal est vide, libre d’hommes, de leurs habitations et de leurs usines : la guerre, débarrassée des civils, y est propre. La mer est cet espace, ou plutôt ce volume, puisque navigations sous-marine et aérienne lui ont donné à notre époque sa troisième dimension.
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