À propos de l'ouvrage de Arkadi Chevtchenko : Rupture avec Moscou publié chez Payot (1985 ; 163 pages).
À travers les livres - Rupture avec Moscou
Ambassadeur soviétique, secrétaire général adjoint des Nations unies, Arkadi Chevtchenko rompt avec Moscou en 1978. Édité simultanément aux États-Unis et en France, ce diplomate de haut niveau décrit son itinéraire, depuis ses études à l’Institut des relations internationales de Moscou, et ses débuts au ministère des Affaires étrangères, où il se fait remarquer par sa compétence dans les questions de désarmement. C’est à ce titre qu’il accompagne Khrouchtchev à New-York en septembre 1960, est affecté à la mission soviétique de l’ONU en 1963, et revient à Moscou en 1970 comme conseiller personnel de Gromyko. Adjoint de Kurt Waldheim en 1973, il est séduit par les manières diplomatiques des démocraties et par le genre de vie américain, en même temps qu’il prend conscience des incohérences de la politique soviétique et des abus de pouvoir du KGB. Voici en effet comment il décrit le fonctionnement du régime de Moscou :
« Le Kremlin était le dernier endroit sur la terre où l’on pouvait espérer trouver des gens honnêtes, ouverts, droits. La fourberie de ces hommes entachait tout, de leur vie privée aux desseins politiques les plus grands. Je les regardais badiner avec la détente, s’attribuer une formidable puissance militaire, manifestement bien au-delà des impératifs de défense et de sécurité, au détriment du peuple soviétique. Je les entendais plaisanter cyniquement à propos de la tutelle qu’ils entendaient imposer aux alliés de l’Union Soviétique. Je fus témoin de leurs manœuvres vis-à-vis des nations de l’Ouest ou du Tiers Monde qui choisissaient de s’aligner sur le parti — allant jusqu’à soutenir des conspirations destinées à supprimer les personnalités politiques « gênantes ». Ils n’aspiraient qu’au pouvoir et étaient infestés au premier chef par ce virus impérialiste qu’ils attribuaient à d’autres — pour élargir la zone d’influence soviétique sur la planète d’abord, mais aussi pour étancher leur soif d’expansion… ».
« Progressivement, il m’apparut clairement que le système soviétique, dans ses fondements essentiels, ne pouvait ni évoluer ni innover. L’élite s’opposerait systématiquement à tout ce qui risquerait d’entamer son pouvoir… ».
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