L'auteur réside et travaille en France, mais reste bien évidemment passionnée pour son pays natal dont l'évolution – ne devrait-on pas dire les évolutions ? – dans les dernières décennies a été prodigieuse ; elle analyse le délicat problème de la défense japonaise, tel qu'il est résolu jusqu'à maintenant, à l'insatisfaction générale d'ailleurs, et la façon dont il pourrait évoluer dans un avenir proche.
La défense du Japon : la « menace » japonaise vue par la presse occidentale
Après des décennies de mise sous silence, le débat sur la défense rebondit au Japon, tout comme en RFA. L’origine de ce débat n’est pas simplement l’accroissement des tensions entre les grandes puissances à la suite de l’intervention soviétique en Afghanistan. Les facteurs qui ont contribué à ce que l’on doit aujourd’hui considérer comme une désacralisation du tabou de la défense du Japon s’enracinent en réalité dans l’évolution des relations entre les États-Unis et leurs alliés après la guerre du Vietnam. D’une puissance incontestée, les États-Unis sont devenus une puissance contestable. Face à leur déclin « relatif » dans les domaines économique et moral, surtout lorsqu’il est comparé avec les progrès de leurs alliés, les États-Unis, afin de préserver leur hégémonie, ont désormais davantage recours, sinon aux moyens, du moins aux raisons militaires. Ainsi, depuis quelques années, exigent-ils de leurs « junior partners » de plus en plus remuants, un accroissement sensible de leur contribution à la défense du bloc occidental.
Les rapports potentiellement conflictuels entre les États-Unis et le Japon sur le plan économique suggèrent d’ailleurs, s’ils ne l’imposent pas, une redéfinition de la politique de sécurité entre alliés. La contradiction entre la politique militaire des Occidentaux, nécessairement globale à l’échelle mondiale et qui est censée être harmonieuse, et les intérêts divergents en matière économique sur le plan régional, est chaque jour davantage perceptible. L’apparition de nouvelles zones d’instabilité dans le Golfe, par exemple, a montré qu’il existe des clivages profonds entre la politique énergétique des États-Unis et celle du Japon, ainsi qu’une appréciation différente de la priorité que chacun d’eux accorde aux diverses zones stratégiques.
Dès lors, si les antagonismes économiques entre les alliés et notamment entre le Japon et les États-Unis s’avèrent intolérables au regard des impératifs de sécurité, il devient une nouvelle fois possible, sinon nécessaire, de faire passer le Japon pour « agresseur » (1). C’est ce décalage, avant d’être un fossé, entre ces deux « partenaires », qui nourrit une approche manifestement différente des problèmes de sécurité.
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