Le point de vue danois
Portier de la mer Baltique, tremplin d’un assaut éventuel contre le Royaume-Uni et la Norvège, intimement lié au sort de la République fédérale d’Allemagne, voisin par la mer de l’Union soviétique, de la Pologne et de la République démocratique allemande, le Danemark est un pays aligné.
Membre de l’Alliance atlantique et de la CEE, il peut paraître réticent devant les grands problèmes auxquels est confronté l’Occident. Cela vient du fait que le choix d’une politique d’alignement est un événement récent dans notre histoire. De la fin du XVIIIe siècle jusqu’à 1949, le Danemark était neutre, situation qui ne fut pas respectée par les guerres napoléoniennes et qui le laissa seul contre la Prusse et l’Autriche en 1864 ainsi que contre le IIIe Reich le 9 avril 1940.
L’occupation allemande mit fin à cette neutralité et le choix fut l’Alliance atlantique en 1949 ainsi que la CEE en 1972, le tout combiné avec l’espoir que le bon sens triomphera dans un monde bipolaire.
Cela ne semble pas être toujours le cas et le Danemark voit avec inquiétude le risque d’être entraîné dans un jeu qui n’est pas le sien.
De là à dire non à de grands projets, il n’y a qu’un pas ; un pas d’autant plus aisé à franchir que ces grands projets concernant l’Alliance et l’Europe sont souvent vagues et un peu trop généreux envers les grands de nos jours.
Ainsi est né le terme « danemarkisation » qualifiant un pays qui veut certes bien recevoir mais ne rien donner en contrepartie. Or ce terme révèle plus l’ignorance de l’utilisateur qu’il ne qualifie le Danemark, ignorance qui porte sur notre histoire, que j’ai sommairement décrite, ainsi que sur les faits suivants : un niveau de vie et une stabilité sociale ayant peu d’équivalents dans le monde ; une loi de programmation militaire votée par les grands partis traditionnels, de droite comme de gauche ; un outil militaire moderne, bien que de taille réduite ; une garde nationale de 75 000 volontaires, hommes et femmes, ayant équipements, armes et munitions chez eux.
Toujours prudent, le Danemark refuse les grands projets et recherche la solution des petits pas dans un monde qui, souvent, n’admet pas le bon sens le plus élémentaire.