Politique et diplomatie - Le Reagan round : voici le temps du monde interdépendant…
En septembre 1986, s’ouvriront, au sein du GATT, à Genève, les huitièmes négociations commerciales multilatérales.
À l’issue de la Deuxième Guerre mondiale, le monde ou plus exactement l’Occident s’engage dans l’ère de l’interdépendance : la crise des années 1930 qui a enclenché l’engrenage fatal ne doit pas se reproduire ; il faut empêcher que les États ne se barricadent derrière leurs frontières. Ce consensus en faveur de l’ouverture, même si les poussées protectionnistes s’amplifient depuis l’ébranlement des années 1970, n’est jusqu’à présent pas remis en cause. Lorsque le président Reagan résiste aux multiples pressions du Congrès américain — plusieurs centaines de propositions —, il est d’abord fidèle à l’option de 1945. De même — et il s’agit là d’un revirement fort significatif, venant d’un pays charnière du Tiers Monde — le Mexique, en posant, en novembre 1985, sa candidature au GATT, confirme qu’il accepte bien les contraintes de la compétition internationale : « Nous savons que nous devons accepter nos propres responsabilités » souligne le président du Mexique, M. Miguel de La Madrid.
Un choix à deux dimensions
Ce choix libéral de 1945 a deux dimensions. D’une part, liant échanges, croissance et liberté, il s’assigne, pour objectif ultime, l’avènement d’un espace économique (commercial, monétaire…) unique, régi par des disciplines communes, contrôlé par une instance de concertation et d’arbitrage, missions qu’assume plus ou moins, aujourd’hui, le GATT. D’autre part, ce choix constitue l’une des voies par lesquelles les États-Unis accèdent aux responsabilités de première puissance mondiale : « Ce que nous voulons, c’est un marché à l’échelle du monde », déclare, en 1946, un représentant américain. Par le commerce, l’Amérique, rompant avec sa tradition de protection, rêve déjà d’un vaste ensemble s’organisant spontanément autour d’elle, par le ralliement aux valeurs libérales : la nouvelle Rome ! Ce qui est bon pour General Motors est bon pour le monde !
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