Politique et diplomatie - La maîtrise des armements : nouvelle promesse ou perpétuelle « grande illusion » ?
La maîtrise des armements — « Arms Control » — fut la grande affaire, et aussi l’une des désillusions des années 70 ; avec, surtout, les accords SALT I (sommet Brejnev-Nixon, Moscou, 1972) et, dans une moindre mesure, SALT II (sommet Brejnev-Carter, Vienne, 1979), la gestion, la discipline de la course aux armements devaient être le noyau dur de la détente, ou plus exactement du dialogue — confrontation entre Washington et Moscou. Entre 1977 et 1983, l’« architecture » du système Est-Ouest se disloque : crise des euromissiles, occupation de l’Afghanistan par l’armée rouge (entraînant le refus de ratification de SALT II par les États-Unis), discours manichéens…
Des années 70 aux années 80
Tel le phénix renaissant de ses cendres, la maîtrise des armements paraît redevenir une perspective concrète, notamment au lendemain du sommet Gorbatchev-Reagan (Genève, 19-21 novembre 1985) et du fait même de son absence de résultats. S’il se produit une deuxième rencontre entre les numéros un américain et soviétique, elle devrait être nourrie d’accords, la référence demeurant le sommet de 1972, avec ses dizaines de conventions et protocoles. À cet égard, le voyage de l’ancien président Nixon à Moscou (15 juillet 1986) semble vouloir symboliser ce retour à une « époque heureuse », où les textes encadraient, orientaient le développement des armements. Ainsi que l’écrit le poète, feignons d’organiser ces mystères qui nous dépassent…
Ce qui frappe au premier examen, c’est l’imbrication de deux données contradictoires. D’un côté, l’explosion technologique multiplie presque à l’infini les types d’armes (réelles ou potentielles) à négocier, et surtout donne le sentiment à la puissance la plus avancée qu’elle peut acquérir l’avantage décisif, absolu. L’espace fournit aujourd’hui l’illustration la plus spectaculaire de ces ruptures (ou de ces promesses de rupture) qu’introduit la technique, le bouclier spatial remplaçant la lance atomique. Les négociations SALT I et II parvenaient à se limiter aux missiles intercontinentaux ; les conversations américano-soviétiques en cours incluent « les armes spatiales et nucléaires, à la fois stratégiques et de portée intermédiaire, toutes ces questions étant examinées et résolues compte tenu de leur interdépendance » (communiqué du 8 janvier 1985).
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