L'auteur nous livre ses réflexions sur les rapports entre l’armée et la politique. Son étude est très approfondie et sa conclusion, comme il le dit lui-même, sage : « le militaire, subordonné au politique, souhaite que celui-ci soit sérieux dans les affaires sérieuses » ; son attitude, sa préparation morale en dépendent.
Armée et politique : le contenant et le contenu
Il n’y a pas de sujets scabreux. Si on les tient pour tels, c’est par paresse ou par commodité. Ainsi en va-t-il des rapports de l’armée et de la politique, thème que nous ne craindrons pas de scruter ici avec impudence.
Cherchant à définir, le bon élève se voit agressé par la multiplicité et la richesse des significations. La politique est l’art du gouvernement, appliqué à la Cité. Mais elle est aussi exercice de l’art, manière de gouverner qui donne lieu à des politiques parmi lesquelles il importe de choisir la bonne. L’art enfin s’applique à des domaines divers et l’on parlera de politique intérieure, étrangère, économique ou sociale… que se partagent les ministères.
Passant du plus noble au plus sordide, on retiendra, du mot, une acception bien péjorative. La politique s’apparente à la « magouille », au moins se teinte de machiavélisme. « C’est de la politique », dit-on méchamment : qui s’y salit les mains est un politicien, voire un politicard. Malraux, voulant purifier la grande politique en délimitant le champ de la basse, parle de politique politicienne, lieu de l’affrontement dérisoire des partis. Le logicien — ou le praxéologue — essaiera lui aussi de redonner à la politique ses lettres de noblesse, la plaçant au sommet de son édifice. Elle est définition souveraine des buts, clairs mais lointains ; la stratégie choix des voies et moyens, sombres et tortueux. Ces efforts de réhabilitation soulignent la sévérité du jugement populaire et la mauvaise image, fort importante pour notre propos, qui s’attache au concept (1).
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