« Sept ans de malheurs pour l’Afghanistan » est un titre qui nous interpelle car, effectivement, n’oublions-nous pas, au fil des années, que ce pays connaît toujours les drames de l’occupation soviétique, les combats des résistants et l’exode des populations ? L'auteur nous rappelle, et nous l’en remercions, que le « conflit afghan ne se laisse pas enterrer ».
Afghanistan : sept ans de malheurs
À l’occasion du sommet Reagan-Gorbatchev à Reykjavik, le premier secrétaire du PCUS a mis à exécution sa promesse faite à Vladivostok le 26 juillet dernier, en retirant d’Afghanistan 6 régiments de l’armée soviétique (1), soit environ 8 000 des quelque 120 000 hommes de son corps expéditionnaire, corps auquel il faut ajouter environ 30 000 hommes stationnés en URSS à proximité de la frontière et qui participent également aux opérations. Ce retrait n’est pas important en soi : on se souviendra qu’en son temps, Léonid Brejnev avait « utilisé » le président Giscard d’Estaing pour transmettre au monde libre l’annonce d’un semblable retrait partiel du « contingent limité » soviétique en Afghanistan ; on se souviendra également que chaque année depuis cinq ans, le Vietnam orchestre le départ spectaculaire de quelques centaines d’hommes de son propre contingent au Cambodge. Dans un cas comme dans l’autre, le principe des vases communicants a instantanément rétabli le niveau des forces d’occupation, dont la présence vient d’être condamnée pour la huitième année consécutive et à une très forte majorité (2) par l’Assemblée générale de l’ONU.
Par contre, la mise en scène de l’événement, une superproduction « produite » par l’Union Soviétique et « réalisée » par la république démocratique d’Afghanistan, aura poussé les médias français à s’intéresser à nouveau à ce conflit qu’ils n’ont que trop tendance à enterrer. Il est vrai que si les agences de presse des belligérants (3) ne sont pas avares de communiqués, l’interdiction faite par les autorités afghanes aux journalistes occidentaux non communistes de venir observer cette guerre entraîne une pénurie d’images et d’informations tout à fait préjudiciable à sa médiatisation et à son suivi objectif par le grand public.
C’est pourtant en France que l’on trouve le plus grand nombre de témoins étrangers de cette guerre : plus de la moitié des organisations non gouvernementales (ONG) membres de la coordination humanitaire européenne pour l’Afghanistan sont françaises, et il n’est pas superflu de rappeler ici l’héroïsme discret de ces médecins et infirmières, entre autres, dont la tête est mise à prix et dont les dispensaires sont bombardés par l’aviation soviéto-afghane.
Il reste 93 % de l'article à lire