Économie - Privatisations : vers un nouveau capitalisme populaire ?
« C’est un immense succès qui était pour moi totalement imprévisible. La compagnie financière de Paribas aura environ trois millions d’actionnaires ». Après le million et demi des acheteurs d’actions Saint-Gobain, il s’agit bien là, selon le mot de M. Balladur, de l’avènement d’une « nouvelle société » fondée sur l’actionnariat populaire. C’est le 24 novembre 1986 que fut réellement engagé le vaste mouvement de privatisation de l’économie française avec la publication des caractéristiques techniques de la mise en vente des actions de Saint-Gobain.
Une mutation économique
Depuis les dernières nationalisations, intervenues en 1982, le secteur public français était le plus important d’Europe. Il produisait 28 % de la valeur ajoutée nationale, représentait 16 % de la main-d’œuvre employée et procédait à 36 % des investissements réalisés par l’économie française au cours d’une année. C’est dire que la rupture souhaitée par le gouvernement représente une véritable mutation économique qui devrait se traduire selon le ministre de l’Économie, des Finances et de la Privatisation par un « appel d’une ampleur inhabituelle au marché financier ». Il s’agit, poursuit M. Édouard Balladur, de « s’engager avec détermination dans une course de fond », puisque l’enjeu des privatisations devrait représenter de 40 à 50 milliards de francs par an.
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