Politique et diplomatie - La fin d'une époque
Le monde vit-il la fin d’une époque ? La question est posée, d’abord aux États-Unis. Après l’euphorie des années Reagan (au moins jusqu’aux ébranlements de l’automne 1986 : pré-sommet de Reykjavik, début du scandale de l’Irangate), l’Amérique s’interroge sur elle-même, ses ressources, sa capacité à demeurer la gardienne de l’ordre qu’elle a défini et mis en place à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, brutalement, en un peu plus d’un an, le décor est-il bouleversé, contradictoire : accélération du dialogue américano-soviétique se traduisant par des résultats concrets (pour le moment, dans le domaine des missiles à moyenne et courte portées installés en Europe) ; krachs boursiers, mettant à nu la complexité et la fragilité des interdépendances financières, ainsi que l’impuissance ou l’incertitude des États…
Cette « drôle » de situation évoque ces moments où l’histoire bascule. Rien, en particulier les systèmes d’alliances, n’est modifié, mais rien, notamment la confiance, n’est intact. La plupart, États, acteurs économiques…, aimeraient revenir en arrière, effacer ces jours, ces semaines de turbulence, mais savent (sans vraiment l’accepter) que ce qui s’est produit représente un seuil irréversible.
L’enseignement ambigu du tournant des années 30 : la dimension économique
Tout comme, dès que survient une crise internationale, les deux références obsessionnelles sont août 1914 (la guerre par enchaînement de mauvaises évaluations et décisions) et septembre 1938 (le syndrome de la faiblesse et de la trahison de Munich), la fracture des années 1929-1933 surgit en filigrane des événements actuels.
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