L'auteure aborde le délicat problème des relations du Japon avec les États de l'Indochine et en montre les difficultés en raison d'une situation politico-économique totalement bouleversée depuis des décennies. Nous pouvons constater à cette occasion combien la diplomatie nippone est habile et efficace.
Le Japon et la péninsule indochinoise
L’intervention du Vietnam au Cambodge en 1979 a accentué son isolement international. La plupart des pays occidentaux en ont tiré prétexte pour interrompre leurs engagements dans une éventuelle aide à la reconstruction du pays dévasté. Or, le dernier congrès du parti communiste vietnamien, tenu à Hanoi, du 15 au 18 décembre 1986, a reconnu la nécessité de sortir d’une telle situation.
Ce deuxième congrès, organisé depuis la réunification du pays en 1975, a affirmé, en effet, l’impérieuse obligation de passer d’un « socialisme en temps de guerre » à un « socialisme en temps de paix ». Le budget militaire pèse trop lourdement sur le pays : il représente à lui seul la moitié du budget de l’État, soit 30 % du PIB du pays. Certes, déjà en 1985, une réforme économique destinée à assainir le système des prix, des salaires, et de la monnaie avait été engagée. Mais, là encore, ce fut un échec : le dông dévalué en 1986 de 90 %, des subventions réduites (1) sans contrepartie dans les secteurs productifs, une pénurie chronique des biens de consommation et une inflation annuelle galopante de 700 %, signaient l’ampleur du désastre.
Un tel contexte a permis aux « rénovateurs » représentés par le nouveau secrétaire général du parti, Nguyên Van Linh, de remplacer la « vieille garde » par de jeunes gestionnaires supposés compétents. La substitution s’est faite, à vrai dire, en douceur. Seuls, pour l’instant, les trois anciens dirigeants prestigieux (2) ont pris leur retraite. Quant aux signes d’un renouveau nuancé, on peut les percevoir encore dans les ouvertures économiques avec l’extérieur ; depuis la fin 1986, les visites d’hommes d’affaires japonais, australiens, coréens, ou de Hong Kong, se sont multipliées. D’un autre côté, la volonté d’améliorer les relations avec la Chine avait déjà été sensible dans ce communiqué de Moscou publié en juin 1985 à l’occasion de la visite du secrétaire général du parti communiste vietnamien d’alors, Lê Duân. Bref, améliorer la situation intérieure en atténuant notamment l’isolement extérieur du pays, tel est l’objectif énoncé de plus en plus clairement.
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