Vingt-cinq ans après la mort de Kennedy, responsable de l'engagement américain au Vietnam, l'auteure analyse les raisons de l'échec de ceux-ci dans une guerre qui a laissé des traces profondes – et pourtant, maintenant, quel est l'Américain qui n'est pas allé au Vietnam ?!! –, et dont les enseignements, fort bien dégagés par l'auteure, éclairent bien des aspects de la politique actuelle de la Maison-Blanche.
États-Unis : les leçons du Vietnam
Vingt-cinq ans après la mort du président Kennedy qui, par l’accroissement rapide du nombre des conseillers militaires à Saigon, a ouvert la voie à l’engagement de l’armée en Indochine, quinze ans après les accords de Paris (janvier 1973) qui mirent fin à cet engagement, la guerre du Vietnam continue de hanter les consciences américaines. No more Vietnams — plus jamais de conflit aussi lointain, aussi long, aussi inextricable, aussi meurtrier et coûteux, en dernière analyse aussi odieux —, telle est la leçon qu’aux États-Unis l’opinion publique et la classe politique ont dans leur majorité tirée de cette guerre (1).
La raison en est apparemment simple. Les États-Unis étaient jusqu’à cette époque convaincus de leur mission, celle de préserver et de propager le modèle démocratique établi par les pères fondateurs au XVIIIe siècle. Ils étaient — et cela depuis l’arrivée des puritains en Nouvelle-Angleterre —, « a city upon a hill », la cité sur la colline, la Jérusalem nouvelle vers laquelle se tournaient les regards, la lumière qui régénérerait l’humanité (2).
Le rêve américain a fait naufrage dans la rizière indochinoise, car l’engagement des États-Unis n’y a produit que ruines, sang, larmes et atrocités. Pourtant le problème majeur n’est pas là, car les consciences américaines avaient sans trop de dommages supporté en 1945 le choc d’Hiroshima (après celui des bombardements de terreur sur Dresde) ; elles avaient accepté les 34 000 morts américains, et les quelque 4 millions de victimes sino-coréennes pendant la guerre de Corée (3). C’est que la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée, encore qu’à un moindre degré, s’étaient terminées par la victoire des armes et de la politique : les dictatures contraintes de capituler en 1945 ; les Sino-Coréens obligés de reconnaître de facto la liberté et la souveraineté de l’État sud-coréen.
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