À la suite d'un certain nombre d'articles que nous avons publiés sur ce douloureux sujet, le dernier en date étant le témoignage de Daniel Colard à l'occasion de son voyage en Israël, voici les réflexions de l'auteur, qui a passé de longues années au Proche-Orient, et dont l'expérience est incomparable, d'autant plus qu'elle s'accompagne d'une grande sagesse. Nous nous permettrons toutefois de bien insister sur une réalité : Israël a toujours lutté pour sa survie, et lorsque celle-ci est menacée, sa foi et sa force « déplacent les montagnes », les états d'âme passant au second plan.
Quelques aperçus du problème de la Palestine
Début janvier, nous avons cru pouvoir écrire dans un quotidien, en conclusion d’une chronique consacrée aux territoires palestiniens occupés par Israël et à la « révolution des pierres » qui s’y déroulait depuis trois semaines : « Rien, désormais, ne sera plus comme auparavant » (1). Car l’insurrection des très jeunes garçons, se battant à mains nues avec des projectiles improvisés, avait inauguré une guérilla urbaine surprenante et efficace. En dépit des contre-mesures sévères de l’occupant, cette nouvelle forme de combat populaire, neuf mois plus tard, est encore vivace. Elle a déjà modifié la manière dont la résistance palestinienne se conçoit elle-même, et renouvelé l’image que l’opinion mondiale se fait de ce mouvement. Ainsi le peuple palestinien manifeste-t-il sa vitalité. D’aucuns, cependant, avaient contesté jusqu’à son existence. La réalité même d’un pays de Palestine a été niée.
On essaiera d’esquisser ici ce que fut naguère le peuple palestinien sur sa terre, de donner un aperçu des épreuves qu’il a subies depuis un demi-siècle, de caractériser son comportement durant cette phase dramatique de son destin. Sans aucunement avoir la prétention d’être exhaustif, on évoquera, brièvement, les efforts de ceux qui ont lutté pour lui et parlé en son nom, et quelques-uns des échecs les plus caractéristiques qu’ils ont trouvés.
La Palestine, pays distinct
Les praticiens du Proche-Orient, qui entre autres crises durables observent le conflit arabo-israélien, savent quelles passions il déchaîne et quelles polémiques il nourrit. Néanmoins, ils s’étonnent parfois de l’emploi de certains arguments, forgés en vue de déconcerter, par leur allure d’évidente simplicité, une opinion occidentale qui s’attend plutôt, s’agissant de l’Orient, à de subtiles finesses. Un de ces arguments consiste à affirmer que, dans les temps modernes, la Palestine n’a jamais existé en tant que pays distinct. D’aucuns concluront, par conséquent, que la cause que sa défense prétend assumer ne peut être qu’une entreprise antisémite, puisque anti-israélienne.
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