L'auteur, dont les connaissances sur l'Extrême-Orient sont étendues et ses jugements très pertinents, tente de préciser les raisons qui ont conduit le Japon, État conquérant s'il en fut, à se muer en une puissance économique ayant perdu toute « belliquosité » au point de considérer avec aversion les problèmes de défense. Il perçoit en particulier une atténuation des relations avec les États-Unis au profit de celles avec l'URSS, recherchant ainsi un équilibre favorable à la stabilité interne du pays.
Périmètre de sécurité et politique de défense du Japon
Dans le début des années quatre-vingt, le débat entre les observateurs de la politique étrangère japonaise se focalisait sur la virtualité du réarmement de type conventionnel (1). La fin de la décennie et de ce siècle nous semble poser une question qui, si elle n’est pas nouvelle, reste d’actualité : les relations nippo-soviétiques, inachevées dans leur normalisation et bloquées par le différend territorial des territoires du Nord ; une situation aisément maîtrisable jusqu’ici par la diplomatie japonaise, le Kremlin ayant son attention rivée sur l’Occident jusqu’à la fin des années soixante-dix.
Les discours de Mikhaïl Gorbatchev à Vladivostok (juillet 1986) et à Krasnoïarsk (septembre 1988) en réaffirmant l’identité asiatique de l’Union Soviétique, annonçaient l’intention de participer aux : destinées de la zone Asie-Pacifique, qui a été confirmée par la multiplication des tournées diplomatiques en Océanie, en Asie du Sud-Est et du Nord-Est.
Comment envisager une normalisation nippo-soviétique sans aborder le différend territorial ? Notre but n’étant pas de traiter du sujet sous cet aspect purement diplomatique, nous voudrions retracer l’évolution de l’attitude japonaise vis-à-vis de son environnement du Nord-Est asiatique, dans un premier temps en tant que puissance hégémonique, puis en tant qu’État pacifique. Il s’agit de savoir comment le Japon parvient à concilier poussée soviétique et érosion de son périmètre de sécurité, Constitution pacifique et défense de la nation. Si un tel périmètre existe, où passent ses limites géographiques ?
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