Les Philippines sont le pays le plus méconnu du public français parmi les 6 membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). L'auteur qui suit depuis longtemps l'évolution de cette organisation régionale (Défense Nationale, janvier et février 1980), analyse l'évolution vers le développement et la démocratie, d'un pays dont la présidente doit être, très prochainement reçue officiellement en France.
Où en sont les Philippines ?
La France n’a entretenu que des relations ténues et épisodiques avec ce pays du Pacifique plus peuplé qu’elle, dont notre opinion ignore sinon l’existence du moins la personnalité. L’évolution que vivent les Philippines depuis l’assassinat du sénateur Aquino le 21 août 1983 est, cependant, à bien des égards, exemplaire ; mais si ce pays s’est orienté vers la démocratie, nous ignorons que c’est grâce, en particulier, à un jeune médecin, célèbre dans son pays mais inconnu chez nous, qui vint à Paris à la fin du siècle dernier s’inspirer des idéaux des Lumières et de cette Révolution dont nous fêtons le bicentenaire (1).
Ce pays, situé en bordure de l’Asie et du Pacifique, jouit d’une originalité qu’il doit autant à sa position géographique qu’à son destin historique ; la première a contribué à façonner le second, en plaçant cet archipel au contact de toutes les grandes civilisations. C’est cette spécificité du peuple philippin qu’il faut d’abord rappeler, au moins succinctement, si l’on veut pouvoir analyser, sous tous leurs aspects, les graves problèmes que le pays a eu à affronter dans un passé récent et qu’il semble en passe de résoudre à la condition qu’une aide ou, au moins, une compréhension sympathique lui soit fournie de l’extérieur ; cet apport serait d’autant plus souhaitable que les Philippines jouent un rôle important sur le plan international et pas uniquement dans son seul environnement régional de l’Asie du Sud-Est.
Une personnalité originale
Les géographes ont longtemps hésité sur l’appartenance de l’archipel philippin au monde de l’Asie ou à celui du Pacifique. En fait ce monde malais dont les Philippines constituent la portion la plus septentrionale se présente comme une véritable zone de transition où une population que l’on peut rattacher, sur le plan de l’anthropologie, au monde dit malayo-polynésien a été, en revanche, influencée, sur le plan culturel, par des vagues multiples venues d’abord de l’Ouest, l’Asie, puis de l’Est, l’Amérique.
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