Les hommes sont-ils plus sages ? Réflexions sur la révision de la loi de programmation militaire
Le président de la République a rendu son arbitrage en matière de défense dans sa conférence de presse du 18 mai 1989. À partir de l’objectif de 470 milliards de francs pour la période 1990-1993, l’abattement annoncé sera de 45 milliards, soit près de 10 %. En France et dans le monde, la réduction des crédits des armées devient un thème de débat pour deux raisons : les négociations sur le désarmement suscitent l’espoir, et la modernisation de la société fait apparaître la nécessité de dépenses civiles renouvelées.
La défense, objet de consensus, entre en concurrence avec la construction de l’Europe, les contraintes de l’éducation et de la formation, les inquiétudes sur l’environnement et les désordres urbains. Le temps des conflits semblant se dissiper dans un horizon de moindre tension, le moment n’est-il pas venu de célébrer la pause pour relâcher l’effort des armes et déplacer les orientations vers de nouvelles étapes sociales et fiscales ? Les grandes échéances s’annoncent, 1990 et 1993, avec une certitude de concurrence en plus ; les énergies doivent donc se concentrer vers des objectifs exigeant une mobilisation des volontés. Est-il possible de relâcher pour un temps les dépenses militaires, de reconsidérer le rythme de leur progression sans renoncer à aucun des grands programmes ? Pouvons-nous ralentir et réaffirmer en même temps notre exigence d’une défense indépendante et crédible ?
Pour répondre à ces questions, il faut se garder d’une réflexion purement française et prendre en compte les mutations de l’environnement stratégique international. Trois grandes tendances s’en dégagent : le renouvellement des technologies, l’incertitude de nos alliances et la diversité des menaces ; ces enjeux conditionnent l’évolution de notre politique de défense et justifient une critique sévère de la révision de la loi de programmation militaire.
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