L'auteur connaît très bien l'Afrique australe qu'il a étudiée pendant cinq ans à titre universitaire ; il a d'ailleurs rédigé récemment une thèse de doctorat sur la stratégie soviétique dans cette région jusqu'à la fin des années 1980. Il fait ici une synthèse de la situation du Mozambique et essaie de tracer les grandes lignes de l'avenir de ce pays, dont, il le précise, la détresse a engendré un capital de sympathie bien au-delà du continent africain.
Quel avenir pour le Mozambique ?
Depuis son accession à l’indépendance en juin 1975, le Mozambique traverse une crise tragique en raison de la guerre civile qui y règne ainsi depuis quinze ans. L’étude des données historiques permet d’expliquer en partie la situation conflictuelle qui prévaut actuellement. Celle-ci a placé le pays dans une impasse politique et l’a plongé dans le marasme économique.
Situé entre d’une part l’océan Indien le long des voies maritimes les plus fréquentées du globe, et d’autre part l’Afrique du Sud qui regorge de richesses minières, cette ancienne colonie portugaise occupe une position géographique de première importance. Cet atout justifie l’intérêt que lui portent les observateurs politiques.
Données historiques : la décolonisation manquée
Exploré dès le XVIe siècle par les Portugais, le Mozambique subit par la suite l’influence des Arabes. L’emprise de l’islam est encore ressentie de nos jours dans les provinces septentrionales du pays, où environ 20 % des habitants sont de confession musulmane. Toutefois, la pénétration portugaise sera plus importante en raison des nombreuses expéditions de colons et de missionnaires dans ce territoire de l’Afrique australe. Pour pouvoir exporter les richesses minières de la Rhodésie vers l’océan Indien, les Britanniques obtiennent, d’une convention signée en 1891 avec les Portugais, des privilèges en matière de communications ferroviaires et portuaires. Des voies ferrées uniquement orientées dans le sens Est-Ouest sont ainsi construites au Mozambique, qui devient l’un des principaux débouchés des matières premières de la région. L’absence de voies Nord-Sud aura plus tard des conséquences néfastes sur le développement du pays : celui-ci est, en effet, étiré en longueur sur plus de 2 000 kilomètres (sa largeur n’excède pas parfois 50 kilomètres) et est partagé en tranches successives par des fleuves entourés de vastes marécages. De ce fait, le Mozambique sera toujours difficilement contrôlable par un gouvernement installé dans une capitale qui se trouve dans la partie la plus excentrée du territoire (la capitale du Mozambique est, en effet, située à l’extrémité Sud du pays). Cette donnée géographique fondamentale permet d’expliquer en partie l’incapacité du régime actuel de contrôler la situation dans le pays et de faire face à la rébellion.
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