Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Institut des langues et civilisations orientales, maintenant docteur en histoire du XXe siècle, spécialiste de la Chine tout particulièrement dans les domaines de la stratégie et de la défense, l'auteure fait le point des relations et négociations sino-soviétiques après les événements qui se sont produits dans presque tous les pays communistes. Elle nous montre quels sont actuellement les craintes mais aussi les atouts de la Chine face à un empire soviétique en voie d’éclatement.
Les relations stratégiques sino-soviétiques
Éclipsé par les manifestations étudiantes à Pékin, le sommet sino-soviétique du mois de mai 1989 est passé presque inaperçu. La visite de Mikhaïl Gorbatchev en Chine mettait pourtant fin à trente années d’hostilité entre les deux grands pays socialistes. Il représente à ce titre un événement stratégique et géopolitique d’une grande importance.
À cette occasion, M. Gorbatchev a présenté un calendrier à long terme des relations sino-soviétiques, dont le point essentiel portait sur la réduction des forces le long de la frontière et le renforcement de la coopération en matière de politique militaire en Asie. Première étape d’un long processus de séduction en Asie, la normalisation offre la possibilité à l’URSS d’établir ou de resserrer des liens avec les pays asiatiques les plus prospères, qui s’étaient alignés sur la Chine et les États-Unis face à l’expansion militaire de l’URSS brejnévienne.
Pour la Chine, outre l’intérêt économique à développer ses relations avec l’URSS, la normalisation est un atout important pour sa politique d’indépendance à l’égard des deux Grands. Par ailleurs, la détente sino-soviétique est un facteur majeur de réduction des tensions dans la région Asie-Pacifique. En incitant les pays de la zone à mener de front une politique de rapprochement avec Moscou et Pékin, elle renforce en effet la stabilité de la région, garantie de la propre sécurité de la Chine.
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